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government font défaut. Ce fut justement ce qui rendit l’exposé acceptable aux yeux français. » Il s’est glissé ici une erreur, l’ouvrage de Blackstone ne parut en effet qu’en 1769, alors que l’Esprit des lois parut dès 1748. C’est justement le contraire qui eut lieu : la théorie de Montesquieu a de l’influence sur Blackstone et partant agit dans une grande mesure sur le développement politique de l’Angleterre. Cf. F. C. Montague : introduction à son édition du Fragment on Government de Bentham (Oxford 1891, p. 68). Montague fait en même temps cette très juste remarque, que c’est certainement le spectacle du système d’oppression des gouvernements continentaux qui a porté Montesquieu à souligner la séparation des pouvoirs plus fortement que la constitution anglaise et les théories anglaises ne le comportaient. Dans le Federalist n° 47-51. Madison et Hamilton, les auteurs de la constitution des États-Unis, examinent d’une manière intéressante la théorie de Montesquieu sur la séparation des pouvoirs et discutent en particulier la façon dont elle doit être organisée, en tenant compte de ce que le pouvoir législatif a toujours un penchant à usurper le pouvoir exécutif.

87. P. 501. J. Papillon : Histoire de la philosophie moderne dans ses rapports avec le développement des sciences de la nature, Paris 1876, II, p. 194, fait dériver directement la philosophie de Diderot de celle de Leibniz. Voy. au contraire Knud Ibsen : Diderot, Köbenhavn 1891, p. 206 et suiv. et 210 (où il fait valoir, et certainement avec raison, que la collection d’extraits et de notes qui se trouve dans les œuvres de Diderot sous le titre : Éléments de physiologie, prouve la grande influence que les études des sciences physiques et naturelles exercèrent directement sur lui.

88. P. 513. La différence entre l’amour de soi et l’amour-propre est développée par Rousseau dans le Discours sur l’inégalité (note 12) et plus tard dans l’Émile et dans Rousseau juge de Jean-Jacques (London 1780, p. 20 et suiv.). Ces développements, qui font clairement ressortir l’influence des idées sur le sentiment, font penser a la théorie de Joseph Butler sans qu’on puisse démontrer que Rousseau en ait eu connaissance.

89. P. 814. Discours sur l’inégalité. Amsterdam 1755, p. 80. Lettre à M. de Beaumont (Petits chefs-d’œuvre, Paris 1859, p. 304 et suiv.). — Alors qu’ici il montre cet état de bonheur succédant immédiatement à l’état animal primitif, Rousseau décrit en d’autres endroits (par exemple dans la lettre au Maréchal de Luxembourg, 20 janvier 1763) un degré de civilisation plus avancée, qui a encore le caractère de la simplicité mais qui, grâce à l’importation des mœurs et des besoins d’une grande puissance civilisée, va au-devant de la corruption. Telle était d’après la conception de Rousseau la civilisation de la Suisse de son temps ; voilà pourquoi il combat avec ardeur l’introduction des mœurs françaises (par exemple de la comédie). Cette question engagea Rousseau dans une violente dispute avec Voltaire et provoqua sa Lettre à d’Alembert.

90. P. 514. Cf. La lettre à Mlle D. M. 7 mai 1764 : « On ne quitte pas sa tête comme son bonnet, et l’on ne revient pas plus à la simplicité qu’à l’enfance ; l’esprit une fois en effervescence y reste toujours, et quiconque a pensé, pensera toute sa vie. C’est là le plus grand malheur de l’état de réflexion » etc.

91. P. 518. Souvenez-vous toujours quë je n’enseigne point mon sentiment, je l’expose. Émile IV (éd. Paris 1851, p. 326). Je ne voulais pas philosopher avec vous, mais vous aider à consulter votre cœur (p. 344). Je ne raisonnerai jamais sur la nature de Dieu, que je n’y sois forcé par le sentiment de ses rapports avec moi (p. 327). — Il y a là en quelque sorte une anticipation de la façon dont Schleiermacher conçoit les dogmes comme issus de la réflexion sur les émotions religieuses de l’âme.