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sur le soleil. Ajoutez à cela la remarquable structure, les organes et les instincts des animaux ! — (Newton discute ce sujet dans les lettres à Bentley, outre le Scholium generale des Principia et Query 28 et 29 des Opticks, Cf. Brewster : Life of Newton II, p. 125 et suiv.)

Cependant la machine universelle n’est pas, de l’avis de Newton, absolument parfaite. L’essai de prouver l’existence de Dieu par la finalité de la nature peut se trouver facilement en contradiction avec lui-même : si en effet la nature a été créée parfaite, les forces immanentes en elle peuvent la maintenir en marche et l’activité de Dieu devient par la suite superflue. Cette possibilité n’apparaît pas dans la théologie de Newton, puisqu’il croit que l’influence réciproque des comètes et des planètes les unes sur les autres a fait naître dans le système des irrégularités qui rendent nécessaire l’action régulatrice de la divinité. — Ce point fut en butte aux vives attaques de Leibniz, qui compara malicieusement le système du monde de Newton à une pendule qui de temps en temps a besoin des soins de l’horloger. Clarke, disciple de Newton, défendit la doctrine de son maître, soutenant qu’il n’était pourtant pas possible de rendre Dieu superflu. — Ainsi on veut d’abord prouver l’existence de Dieu par l’ingéniosité du mécanisme de la nature — puis on craint que si l’ingéniosité est trop grande, l’existence de Dieu ne soit par là même réfutée, — et pourtant il faudrait que l’ingéniosité fût infiniment grande pour pouvoir fournir une preuve de l’existence de Dieu. — Cette partie de la pensée de Newton ne l’aurait pas à elle seule rendu célèbre. Par bonheur, l’esprit et la méthode propres au grand savant allèrent bien au delà de sa philosophie assez mal venue. Kant et Laplace montrèrent que le système solaire avait pu se développer de façon naturelle jusqu’à sa forme actuelle, et les grands mathématiciens français, surtout Lagrange et Laplace, démontrèrent que les irrégularités sont périodiques et se compensent. La doctrine et la méthode de Newton renfermaient une philosophie plus profonde que celle qu’il pouvait en tirer lui-même. Kant et Laplace furent de meilleurs disciples de Newton que Clarke. — Le danger qu’il peut y avoir à faire appel au surnaturel en matière de science se montre dans le propos cavalier tenu