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mémoire du ministère prussien en date du 15 septembre 1863. Cette assemblée, élue par le peuple allemand, devait servir à « concilier les intérêts particuliers des différens états de l’ancienne Confédération germanique dans un sens unitaire à l’avantage de l’ensemble de l’Allemagne. » Lorsque le prince de Bismarck remit aux gouvernemens des états confédérés sa note du 10 mai 1866 pour la réforme de la constitution fédérale sur la base du suffrage universel, à la veille de la rupture avec l’Autriche, les socialistes lassalliens célébrèrent cet événement comme une conquête à leur profit, bien loin d’y voir une concession à la bourgeoisie libérale. Le ''Sozial-Demokrat'', organe du parti ouvrier, déclara, le 27 février 1867, avec une satisfaction sans mélange : « Maintenant nous avons une armée sur pied. »
mémoire du ministère prussien en date du 15 septembre 1863. Cette assemblée, élue par le peuple allemand, devait servir à « concilier les intérêts particuliers des différens états de l’ancienne Confédération germanique dans un sens unitaire à l’avantage de l’ensemble de l’Allemagne. » Lorsque le prince de Bismarck remit aux gouvernemens des états confédérés sa note du 10 mai 1866 pour la réforme de la constitution fédérale sur la base du suffrage universel, à la veille de la rupture avec l’Autriche, les socialistes lassalliens célébrèrent cet événement comme une conquête à leur profit, bien loin d’y voir une concession à la bourgeoisie libérale. Le ''Sozial-Demokrat'', organe du parti ouvrier, déclara, le 27 février 1867, avec une satisfaction sans mélange : « Maintenant nous avons une armée sur pied. »


Cette armée du socialisme, sortie du suffrage universel et dont le suffrage universel ne cesse d’augmenter l’effectif et d’élargir les cadres, est dès maintenant plus redoutable pour l’Allemagne que les armemens des nations voisines, au-delà de ses frontières. Sans conteste, l’empire aura plus à craindre dans un avenir prochain de l’agitation de ses citoyens socialistes que des conflits avec les peuples étrangers. N’entendons-nous pas les chefs du mouvement révolutionnaire se vanter de ce que sur cinq soldats actuellement sous les drapeaux allemands, un an moins appartient au socialisme international ? ''Auf fünf Mann im stehenden Herr la Einer unser'', a dit un homme du parti. Quelle confiance fonder, en temps de crise nationale, sur des hommes chez lesquels un cosmopolitisme avoué remplace le sentiment de la patrie ? Comment voir sans préoccupation la rapide progression des voix socialistes, s’élevant de 124,655 à 763,128 en l’espace de seize ans ? Les chiffres du tableau que voici, sur la fluctuation des suffrages obtenus par les différentes fractions du Reichstag de 1871 à 1887, nous en apprennent plus sur la situation politique de l’empire allemand que de longues dissertations :
Cette armée du socialisme, sortie du suffrage universel et dont le suffrage universel ne cesse d’augmenter l’effectif et d’élargir les cadres, est dès maintenant plus redoutable pour l’Allemagne que les armemens des nations voisines, au-delà de ses frontières. Sans conteste, l’empire aura plus à craindre dans un avenir prochain de l’agitation de ses citoyens socialistes que des conflits avec les peuples étrangers. N’entendons-nous pas les chefs du mouvement révolutionnaire se vanter de ce que sur cinq soldats actuellement sous les drapeaux allemands, un au moins appartient au socialisme international ? ''{{lang|de|Auf fünf Mann im stehenden Herr ist Einer unser}}'', a dit un homme du parti. Quelle confiance fonder, en temps de crise nationale, sur des hommes chez lesquels un cosmopolitisme avoué remplace le sentiment de la patrie ? Comment voir sans préoccupation la rapide progression des voix socialistes, s’élevant de 124,655 à 763,128 en l’espace de seize ans ? Les chiffres du tableau que voici, sur la fluctuation des suffrages obtenus par les différentes fractions du Reichstag de 1871 à 1887, nous en apprennent plus sur la situation politique de l’empire allemand que de longues dissertations :