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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

et gardé ; aussitôt qu’il s’en fut aperçu il côtoya la Clyde jusqu’à un endroit qu’il croyait guéable, et il y entra sans hésiter.

Ce détour donna à ceux qui le poursuivaient le temps d’arriver ; ils firent sur lui une décharge générale ; deux balles l’atteignirent, et il se sentit dangereusement blessé. Il détourna sur-le-champ la bride de son cheval, et faisant signe de la main, il revint vers le rivage. À cette vue on cessa le feu, et deux des dragons s’avancèrent jusque dans la rivière pour le faire prisonnier. Mais on vit alors qu’il n’avait d’autre intention que de se venger, et de vendre sa vie chèrement ; arrivé près des deux soldats, il renversa le premier d’un coup de sabre ; le second le saisit par le milieu du corps, mais il prit à la gorge ce nouvel adversaire.

Dans cette lutte, ils perdirent tous deux l’équilibre, vidèrent les arçons, roulèrent dans la Clyde, et furent emportés par le courant. Le sang qui coulait des blessures de Burley marquait l’espace qu’ils parcouraient. Deux fois on les vit reparaître à la surface, le soldat s’efforçant à nager, et Burley cherchant à l’entraîner au fond pour le faire périr avec lui. On ne fut pas très longtemps sans les retirer ; mais tous deux étaient morts.

Tandis que cet enthousiaste féroce périssait ainsi, le brave et généreux lord Evandale rendait le dernier soupir. Dès que Morton l’avait aperçu, il avait sauté à bas de cheval pour porter à son ami mourant tous les secours qui étaient en son pouvoir. Lord Evandale le reconnut, lui serra la main, et n’ayant plus la force de parler témoigna par un signe qu’il désirait qu’on le transportât à Fairy-Knowe, ce qui fut exécuté sur-le-champ. La douleur de lady Emilie éclata par des cris ; morne et silencieuse, celle de miss Bellenden n’en fut que plus cruelle, et ne lui permit pas même d’apercevoir Morton : penchée sur son malheureux ami, ses yeux et son cœur n’étaient occupés que de lui. Lord Evandale, faisant un dernier effort, saisit la main d’Edith, la mit dans celle de Henry, et, levant les mains au ciel, comme pour appeler sur eux ses bénédictions, il expira.