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ment aux projets d’asservissement tentés contre eux par les seigneurs féodaux. Cette hypothèse aussi vraisemblable que tant d’autres qui sont reconnues comme des vérités incontestables, s’appuie d’ailleurs sur une tradition constante dans le pays : celle de l’occupation romaine. Or, on le sait, ce n’était pas le sol que les Romains voulaient occuper pour le cultiver, c’était la population qu’ils voulaient vaincre pour la soumettre. Signaler la présence des Romains dans une contrée, c’est donc prouver l’existence d’une population aborigène. Quant à cette occupation, elle ne peut être révoquée en doute ; et sans parler de cette désignation populaire qui donne aux habitants de Lacaune une épithète que l’on n’a pas épargnée aux fondateurs de Rome, on pourrait citer comme preuves : 1° l’existence sur les plateaux de l’Espinouse d’un chemin, dit chemin du Diable, dont l’utilité est inconnue pour les habitants, et dont les ornières creusées parallèlement dans le rocher, sur des longueurs immenses, ne permettent pas de révoquer en doute le passage d’une longue suite de charriots qu’une armée amène seule après elle ; 2° l’existence dans les environs de Lacaune de ces monticules factices qu’on désigne sous le nom de Tumulus ; 3° la dénomination de rupes Caesaris, Roquecesière, que porte un lieu peu éloigné de Lacaune, et qui conserve ainsi le souvenir du passage du célèbre conquérant Romain.

D’un autre côté, il suffit de lire les documents transcrits sur le Livre Vert, pour s’assurer que la population de Lacaune excessivement jalouse de ses prérogatives et de ses libertés, mettait cependant le plus grand empressement à rendre aux seigneurs féodaux de gracieux services, et il ne faut pas s’étonner dès lors, si, pour lui complaire et nourrir avec elle amour et amitié, — c’est ainsi que s’exprimait Louis de Bourbon, lieutenant de sa mère Catherine de Vendosme, — ces seigneurs accordaient à leur tour à cette population, des franchises que l’éloignement du centre féodal lui aurait peut-être permis de s’attribuer sans contrôle.