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faits. On peut sortir de l’ordre quand on veut ; il ne suffit pas de la volonté, quelque puissante qu’elle soit, pour y rentrer. On peut en quelques jours détruire un édifice longuement préparé, lentement élevé, on ne le reconstruit pas le lendemain, même en se servant de ses débris. C’est ce qui est arrivé en France. Il ne s’agit pas de rechercher ce qu’il y avait à réformer de l’état ancien ni ce qu’il y avait à conserver ; il suffit de constater ce que l’histoire nous montre. On a cru qu’il n’y avait qu’à faire des lois pour rétablir quelque chose qui donnât satisfaction à toutes les aspirations et qui fut, dès le présent, en possession de l’avenir. Les faits ont cruellement démenti cette présomption. Il en résulte que pendant tout le XIXe siècle, à quelque époque que l’on se reporte, quelque période de prospérité que l’on interroge, il y a eu partout de l’indécision, un vague trouble qui se maintenait dans les esprits, et qui devait, en se propageant, acquérir une force plus grande.

D’un autre côté, le progrès du commerce, le mouvement industriel, cette surexcitation qui multiplie les entreprises et les produits, ont contribué à augmenter la perturbation. On n’a plus eu de sécurité, on n’a plus travaillé qu’au jour le jour, on a suivi avec entraînement la pensée du moment, sans se mettre en peine de la régir par la raison, de la diriger par la prévoyance. L’action partie des grandes villes s’est communiquée partout, et il faut dire qu’elle était accueillie avec transport, comme seule capable de donner satisfaction aux nécessités nouvelles, en augmentant la part de production de chacun. Il est certain que tous ceux qui étudient sincèrement les causes de prospérité des grands états, se réjouissaient de cette activité qui semblait assurer à la France un accroissement considérable de richesse, et en même temps un développement de sécurité. Pourquoi n’en a-t-il pas été ainsi, et pourquoi, dans plusieurs circonstances, les crises politiques ont-elles menacé de devenir des crises sociales ? Pourquoi, pendant que la richesse générale s’accroissait, a-t-on vu diminuer peu à peu le salaire des ouvriers, et par conséquent l’aisance disparaître du milieu des familles qu’elle tenait unies et stables ? C’est