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motifs accidentels. Ces causes et ces motifs existent ; mais ils ne sont pas isolés. Ne serait-il pas possible de trouver un moyen de compléter cette explication par l’étude des causes morales ? Quoique contraint par les nécessités de son existence, l’homme est capable de résister, et il résiste avec succès, lorsque son cœur est habitué au sacrifice, et qu’il peut être soutenu par l’espérance que donnent toujours une organisation régulière et des institutions protectrices. Il y aurait donc un certain intérêt à étudier les changements survenus dans l’état général des populations, et à rechercher s’ils ont été assez nombreux et assez puissants pour détacher localement les familles des points où leur existence semblait définitivement fixée.

L’homme, on ne peut le nier, n’est rien par lui-même : il peut tout par l’association. C’est la loi de son existence, et il en trouve à chaque instant, en lui-même la manifestation. Interrogez les économistes. Ils vous diront par des proportions arithmétiques, combien est puissante la force de production de l’homme, et comment elle se multiplie par l’association. Plus la population augmente, plus elle produit, non pas d’une manière proportionnelle, mais d’une manière rapidement progressive : si la population suit la progression 1, 2, 4, 8, 16, sa puissance de production industrielle devra s’exprimer par la progression 1, 4, 16, 64, 256. Il s’agit, il est vrai, d’une société mathématiquement organisée et dans laquelle les forces s’équilibrent, où chaque chose est à sa place, et où les institutions ont une force qui domine les volontés et contraint les mœurs.

Notre société est-elle dans ce cas ? Après la dissolution lente, mais assurée qui s’est continuée pendant tout le XVIIIe siècle, après les bouleversements de la révolution, et les changements que nous avons subis dans cette longue période qui embrasse près des deux tiers du XIXe siècle, il n’est nullement étonnant qu’il y ait dans la société, et dans les familles qui en sont l’image restreinte, mais complète, de l’indécision, des embarras, et un désordre dont les esprits subissent l’atteinte alors même qu’il n’est plus dans les