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LA VIE ET LA MORT DES FÉES

assailli de doutes et d’angoisses, viendra consulter les mêmes sorcières ; elles l’affoleront, le tromperont et le pousseront toujours plus loin dans la voie néfaste.

Sorcières de Macbeth, Erinnyes d’Oreste, se meuvent toujours sur l’étroit théâtre d’une conscience humaine. Le rôle des unes est à l’inverse de celui des autres : les unes agissent avant le crime pour y pousser ; les autres après, pour le punir.

Et lorsque lady Macbeth apparaît dans la scène de somnambulisme, la petite lampe qu’elle porte est aussi tragique pour celui qui en perçoit la signification, que le troupeau déchaîné des antiques Erinnyes.

Dans la Tempête et dans Macbeth, le fantastique a, semble-t-il, des répercussions morales et philosophiques. Mais Shakespeare aime la féerie pure, et lui donne, selon la remarque ingénieuse de M. Arthur Steward Herbert, une forme à la fois traditionnelle et imaginative. Il lui communique une poésie scintillante et aérienne. Ses personnages s’appellent la reine Mab, le roi Obéron, Puck ou Robin Goodfellow ou Bon-Enfant, Fleur-des-Pois, Phalène, Grain-de-Moutarde, personnages subtils et le plus souvent malicieux.

C’est une délicieuse  souveraine de fantaisie que cette reine Mab, grosse comme une pierre d’agate au chaton d’une bague, une délicieuse souveraine de fantaisie, et qui galope si joliment à travers le rêve de Mercutio. Devons-nous en croire M. Arthur Steward Herbert, et supposer que son nom au moins provient de celui d’une reine irlandaise, la guerrière Meave aux beaux cheveux, qui trônait sur un chariot de bataille ? Elle serait devenue la fantastique