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les forçats du mariage

Sa démarche l’effrayait. C’était une telle infraction à toutes les convenances, une opposition si brusque à la vie qu’elle avait menée jusqu’alors ! Et puis, comment Robert l’accueillerait-il ? Elle redoutait aussi les questions du concierge, des domestiques.

Le concierge qui se montra sur la porte paraissait ivre, et la laissa passer sans l’interroger.

Dans la cour, elle hésita encore.

Les fenêtres étaient illuminées comme pour une fête. Elle entendait un bruit de vaisselle, de rires, des éclats joyeux.

Une fête chez Robert ! C’était son mariage peut-être. Le vertige l’empoigna de nouveau. Elle gravit les degrés du perron et se trouva dans une vaste anti-chambre. Les laquais, tout occupés du service, ne la virent pas. Elle connaissait cet appartement, l’ayant une fois visité avec sa grand’mère pour satisfaire une curiosité de jeune fille. Elle put donc pénétrer jusqu’à la chambre de Robert, où les bruits lui parvinrent plus intenses, plus distincts. Elle s’arrêta, palpitante, écarta la portière et vit un spectacle qui la frappa de stupeur.

Dans une longue salle aux draperies sombres, sur lesquelles se détachait la blancheur des marbres, autour d’une table somptueusement servie, une trentaine de convives mangeaient, buvaient, riaient, criaient, hurlaient.

Des torrents de lumière faisaient resplendir l’argent et la nacre des coupes, les cristaux et les