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coûta que la peine de plonger nos crochets de fer dans les lieux que notre guide nous indiquait, et nous eussions encore mieux fait si nous eussions eu des filets… L’ambre mou se pliait de lui-même, et embrassait le crochet de fer avec lequel il se laissait tirer jusque dans la barque ; mais, faute de filets, nous eûmes le regret de perdre deux des plus belles masses d’ambre que j’aie vues de ma vie ; leur forme étant ovale, elles ne furent pas plus tôt détachées que, glissant sur le crochet, elles se perdirent dans la mer… Nous admirâmes avec quelle promptitude ce qui n’était qu’une gomme mollasse dans le sein de la mer prenait assez de consistance en un quart d’heure pour résister à la pression de nos doigts : le lendemain, notre ambre gris était aussi ferme et aussi beau que celui qu’on vante le plus dans les magasins de l’Europe… Quinze jours que nous employâmes à la pêche de l’ambre gris ne nous en rapportèrent qu’environ cent livres ; notre guide nous reprocha d’être venus trop tôt, il nous pressait de faire le voyage des Bermudes, assurant qu’il y en avait encore en plus grande quantité… qu’on en avait tiré une masse de quatre-vingts livres pesant, ce qui cessa de m’étonner lorsque j’appris, dit ce voyageur, qu’on en avait trouvé, sur les côtes de la Jamaïque, une masse de cent quatre-vingts livres[1]. »

Les Chinois, les Japonais, et plusieurs autres peuples de l’Asie, ne font pas de l’ambre gris autant de cas que les Européens : ils estiment beaucoup plus l’ambre jaune ou succin qu’ils brûlent en quantité par magnificence, tant à cause de la bonne odeur que sa fumée répand, que parce qu’ils croient cette vapeur très salubre, et même spécifique pour les maux de tête et les affections nerveuses[2].

L’appétit véhément de presque tous les animaux pour l’ambre gris n’est pas le seul indice par lequel je juge qu’il contient des parties nutritives, mucilagineuses, provenant des végétaux, ou même des parties gélatineuses des animaux ; et sa propriété, analogue avec le musc et la civette, semble confirmer mon opinion. Le musc et la civette sont, comme nous l’avons dit[3], de pures substances animales : l’ambre gris ne développe sa bonne odeur et ne rend un excellent parfum que quand il est mêlé de musc et de civette en dose convenable ; il y a donc un rapport très voisin entre les parties odorantes des animaux et celles de l’ambre gris, et peut-être toutes deux sont-elles de même nature.


DE LA PYRITE MARTIALE

Je ne parlerai point ici des pyrites cuivreuses ni des pyrites arsenicales ; les premières ne sont qu’un minerai de cuivre, et les secondes, quoique mêlées de fer, diffèrent de la pyrite martiale en ce qu’elles résistent aux impressions de l’air et de l’humidité, et qu’elles sont même susceptibles de recevoir le plus vif poli : le nom de marcassites, sous lequel ces pyrites arsenicales sont connues, les distingue assez pour qu’on ne puisse les confondre avec la pyrite qu’on appelle martiale parce qu’elle contient une plus grande quantité de fer que de tout autre métal ou demi-métal[NdÉ 1]. Cette pyrite, quoique très dure, ne peut se polir et ne résiste pas à l’impression même légère des éléments humides ; elle

  1. Voyage de Robert Lade ; Paris, 1744, t. II, p. 48, 51, 72, 98, 99 et 492.
  2. Histoire du Japon, par Kæmpfer, Appendice, t. II, p. 50.
  3. Voyez l’article de l’animal musc, t. III, p. 395, et ceux de la civette et du zibet, t. id., p. 92.
  1. La Pyrite martiale est un bisulfure de fer. Il est à peine utile de rappeler au lecteur que toute la partie chimique de cet article doit être laissée de côté.