« Page:Bréal - Essai de Sémantique.djvu/43 » : différence entre les versions

lang got
 
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
premier coup et à tête reposée, l’anglais met d’une part l’expression concrète de l’acte, et d’autre part les idées d’affirmation, de personne, de temps, de mode. Dans un dialogue comme celui-ci : {{lang|en|''Does he consent ?''''He doesn’t''}}, tout le mouvement de l’action, tout l’appareil grammatical est accumulé dans l’auxiliaire.
premier coup et à tête reposée, l’anglais met d’une part l’expression concrète de l’acte, et d’autre part les idées d’affirmation, de personne, de temps, de mode. Dans un dialogue comme celui-ci : ''{{lang|en|Does he consent ? — He doesn’t}}'', tout le mouvement de l’action, tout l’appareil grammatical est accumulé dans l’auxiliaire.


Mais il est rare que le principe de spécialité triomphe du premier coup. L’histoire des langues est semée de tentatives manquées et de demi-réussites.
Mais il est rare que le principe de spécialité triomphe du premier coup. L’histoire des langues est semée de tentatives manquées et de demi-réussites.


Bien des siècles avant que l’anglais eût fait de son verbe ''{{lang|en|do}}'' un verbe auxiliaire, il avait déjà une première fois été employé pour remédier à certaines difficultés de la conjugaison. On avait trouvé plus simple, pour former le parfait de certains verbes, d’emprunter le parfait du verbe ''{{lang|en|do}}''. En gothique
Bien des siècles avant que l’anglais eût fait de son verbe ''{{lang|en|do}}'' un verbe auxiliaire, il avait déjà une première fois été employé pour remédier à certaines difficultés de la conjugaison. On avait trouvé plus simple, pour former le parfait de certains verbes, d’emprunter le parfait du verbe ''{{lang|en|do}}''. En gothique l’emprunt est des plus visibles : ''{{lang|got|sôki-da}}'', « je cherchai », ''{{lang|got|sôki-dêdum}}'', « nous cherchâmes ».
l’emprunt est des plus visibles : ''sôki-da'', « je cherchai », ''sôki-dêdum'', « nous cherchâmes ».


On sait que c’est l’origine du parfait appelé « faible ». L’essai ne réussit qu’à moitié. Il avait le tort de venir dans un temps de synthèse. L’auxiliaire s’unit au verbe principal, et fit avec lui un tout indissoluble, de sorte que la conjugaison germanique, au lieu d’être simplifiée, compta une série de formes de plus.
On sait que c’est l’origine du parfait appelé « faible ». L’essai ne réussit qu’à moitié. Il avait le tort de venir dans un temps de synthèse. L’auxiliaire s’unit au verbe principal, et fit avec lui un tout indissoluble, de sorte que la conjugaison germanique, au lieu d’être simplifiée, compta une série de formes de plus.