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{{p|9 : 4 : 1|}}{{T5|§ {{rom-maj|i}}{{e|er}}. — De la pente du sol.}}
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Une des premières conditions nécessaires à l'établissement d'un étang, c’est que le sol ait une pente très sensible ; la quantité d'eau que peut recevoir un étang dépend de la différence de niveau entre le point où l’eau s’introduit et celui où on la contient par une chaussée. Pour qu’il soit productif en poissons, à l’abri des sécheresses, des défauts de pluie de l’été, des neiges et des gelées de l’hiver, il doit être profond sur une grande partie de son étendue, et avoir de deux à trois mètres d’eau vers la chaussée ; il faut donc que le terrain où il est placé ait, depuis l’extrémité supérieure de l’étang jusqu’à la chaussée, une pente de deux à trois mètres.
Une des premières conditions nécessaires à l'établissement
d'un étang, c’est que le sol ait une pente très sensible ;
la quantité d'eau que peut recevoir un étang dépend
de la différence de niveau entre le point où l’eau s’introduit
et celui où on la contient par une chaussée. Pour
qu’il soit productif en poissons, à l’abri des sécheresses,
des défauts de pluie de l’été, des neiges et des gelées de
l’hiver, il doit être profond sur une grande partie de son
étendue, et avoir de deux à trois mètres d’eau vers la
chaussée ; il faut donc que le terrain où il est placé ait,
depuis l’extrémité supérieure de l’étang jusqu’à la chaussée,
une pente de deux à trois mètres.


Dans les étangs ''dépendants'', c’est-à-dire dans ceux où les eaux des étangs inférieurs baignent la chaussée du supérieur, une moindre pente est nécessaire ; mais toujours encore faut-il qu’il y ait au moins un mètre de pente d’une chaussée à l’autre. Ces étangs sont loin d’être les plus nombreux, et néanmoins la pente du terrain qui les forme est encore très grande si on la compare à celle des plaines qui n’ont que la pente des rivières qui les ont formées, et dont pourtant les eaux s’écoulent facilement. Mais cette pente, qui suffit sur la longueur de l’étang, est nécessairement plus grande sur sa largeur, qui se compose des deux pentes formant le pli de terrain où il est placé.
Dans les étangs ''dépendants'', c’est-à-dire dans ceux où
les eaux des étangs inférieurs baignent la chaussée du supérieur,
une moindre pente est nécessaire ; mais toujours
encore faut-il qu’il y ait au moins un mètre de pente
d’une chaussée à l’autre. Ces étangs sont loin d’être les
plus nombreux, et néanmoins la pente du terrain qui les
forme est encore très grande si on la compare à celle des
plaines qui n’ont que la pente des rivières qui les ont formées,
et dont pourtant les eaux s’écoulent facilement.
Mais cette pente, qui suffit sur la longueur de l’étang, est
nécessairement plus grande sur sa largeur, qui se compose
des deux pentes formant le pli de terrain où il est placé.


Nous remarquerons, en outre, que pour pouvoir pêcher facilement et cultiver le sol aussitôt que les eaux en sont sorties, il faut qu’elles s’écoulent promptement, et que par conséquent la pente soit très sensible ; toutefois nous observerons que, bien qu’une assez grande pente soit nécessaire à un étang, elle ne doit pas être trop forte, parce qu’elle exigerait, pour couvrir quelque étendue de sol, une chaussée d’une hauteur démesurée, très dispendieuse à établir et à entretenir, et dont la construction entraînerait plus de perte que de profit.
Nous remarquerons, en outre, que pour pouvoir pêcher
facilement et cultiver le sol aussitôt que les eaux en
sont sorties, il faut qu’elles s’écoulent promptement, et
que par conséquent la pente soit très sensible ; toutefois
nous observerons que, bien qu’une assez grande pente soit
nécessaire à un étang, elle ne doit pas être trop forte,
parce qu’elle exigerait, pour couvrir quelque étendue de
sol, une chaussée d’une hauteur démesurée, très dispendieuse
à établir et à entretenir, et dont la construction
entraînerait plus de perte que de profit.


{{p|9:4:2|}}{{T5|§ {{rom-maj|ii}}. — De la configuration du sol.}}
{{p|9:4:2|}}{{T5|§ {{rom-maj|ii}}. — De la configuration du sol.}}


Une seconde condition nécessaire à l’établissement des étangs, c’est que la surface du sol soit ondulée et se compose de petits bassins plus étroits que longs ; si cette surface avait une pente uniforme, sans ondulation, sans bassins, on serait obligé pour chaque étang de pratiquer une triple chaussée, la première perpendiculaire à la ligne de pente, et qui aurait la même hauteur sur toute sa longueur, et les deux autres parallèles à la pente générale, qui s’étendraient en diminuant de hauteur sur toute la longueur de l'étang. Cette forme occasionnerait des transports de terre énormes, six à huit fois plus considérables que ceux nécessaires dans un pas ondulé, et jetterait dans des frais sans rapport avec le produit ; les eaux d’ailleurs ne s’écouleraient que dans un sens et en nappe, sans pouvoir se réunir dans le milieu de l’étang, ce qui rendrait la pêche comme la culture fort difficile ; de plus, toutes les parties limitrophes de cette triple chaussée essuieraient des infiltrations, et seraient rendues malsaines
Une seconde condition nécessaire à l’établissement des
étangs, c’est que la surface du sol soit ondulée et se compose
de petits bassins plus étroits que longs ; si cette
surface avait une pente uniforme, sans ondulation, sans
bassins, on serait obligé pour chaque étang de pratiquer
une triple chaussée, la première perpendiculaire à la ligne
de pente, et qui aurait la même hauteur sur toute sa
longueur, et les deux autres parallèles à la pente générale,
qui s’étendraient en diminuant de hauteur sur toute
la longueur de l'étang. Cette forme occasionnerait des
transports de terre énormes, six à huit fois plus considérables
que ceux nécessaires dans un pas ondulé, et jetterait
dans des frais sans rapport avec le produit ; les eaux
d’ailleurs ne s’écouleraient que dans un sens et en nappe,
sans pouvoir se réunir dans le milieu de l’étang, ce qui
rendrait la pêche comme la culture fort difficile ; de plus,
toutes les parties limitrophes de cette triple chaussée essuieraient
des infiltrations, et seraient rendues malsaines
et improductives.
et improductives.


Bien différemment de cela, dans les petits bassins naturels, la chaussée se place sur la largeur ; elle est courte, puisqu’elle barre le côté le plus étroit ; son niveau est maintenu à peu près horizontal ; elle a dans son milieu sa plus grande hauteur, qui diminue ensuite et se termine à rien aux deux extrémités : les infiltrations alors n’ont guère lieu qu’à travers ses parties élevées, perdent peu d’eau, et gâtent par conséquent peu de terrain.
Bien différemment de cela, dans les petits bassins naturels,
la chaussée se place sur la largeur ; elle est courte,
puisqu’elle barre le côté le plus étroit ; son niveau est
maintenu à peu près horizontal ; elle a dans son milieu sa
plus grande hauteur, qui diminue ensuite et se termine à
rien aux deux extrémités : les infiltrations alors n’ont
guère lieu qu’à travers ses parties élevées, perdent peu
d’eau, et gâtent par conséquent peu de terrain.


Par suite de cette conformation du sol, outre la pente longitudinale, depuis l’extrémité supérieure ou la queue de l’étang jusqu’à la chaussée, le terrain en a encore de chaque côté une plus forte, depuis les bords jusqu’au milieu du bassin ; dans la ligne du milieu se pratique un fossé qui conduit à la vidange, recueille le poisson pour la pêche, et fait écouler les eaux de pluie pendant la culture.
Par suite de cette conformation du sol, outre la pente
longitudinale, depuis l’extrémité supérieure ou la queue
de l’étang jusqu’à la chaussée, le terrain en a encore de
chaque côté une plus forte, depuis les bords jusqu’au milieu
du bassin ; dans la ligne du milieu se pratique un
fossé qui conduit à la vidange, recueille le poisson pour la
pêche, et fait écouler les eaux de pluie pendant la culture.


Cependant, dans le moment du plus fort engoûment pour les étangs, on en a bien établi quelques-uns dont les pentes latérales trop faibles exigent de petites chaussées auxquelles on donne le nom de chaussons ; mais ces étangs sont chers à établir et à entretenir, plus difficiles encore à cultiver et à pêcher ; ils sont malsains, gâtent les fonds environnants, et on les estime beaucoup moins que ceux qui sont dans des bassins naturels. Les meilleurs, en général, sont ceux dont la chaussée est courte, parce que son entretien est peu considérable ; ils sont aussi les moins malsains, parce que, par suite de l’étroitesse du bassin, ils ont moins de bords plats, et par conséquent moins de marais sur leurs bords.
Cependant, dans le moment du plus fort engoûment
pour les étangs, on en a bien établi quelques-uns dont les
pentes latérales trop faibles exigent de petites chaussées
auxquelles on donne le nom de chaussons ; mais ces étangs
sont chers à établir et à entretenir, plus difficiles encore
à cultiver et à pêcher ; ils sont malsains, gâtent les fonds
environnants, et on les estime beaucoup moins que ceux
qui sont dans des bassins naturels. Les meilleurs, en général,
sont ceux dont la chaussée est courte, parce que
son entretien est peu considérable ; ils sont aussi les moins
malsains, parce que, par suite de l’étroitesse du bassin, ils
ont moins de bords plats, et par conséquent moins de
marais sur leurs bords.


Il résulte donc de tout ce qui précède, qu’outre la
Il résulte donc de tout ce qui précède, qu’outre la grande pente que doit avoir le sol pour pouvoir à volonté accumuler et faire écouler les eaux, un pays d’étangs doit encore être ondulé et coupé de petits bassins qui deviennent leur ''assiette''.
grande pente que doit avoir le sol pour pouvoir à volonté
accumuler et faire écouler les eaux, un pays d’étangs doit
encore être ondulé et coupé de petits bassins qui deviennent
leur ''assiette''.


Nous avons cru devoir appuyer sur ces deux conditions de terrain incliné et ondulé, nécessaires aux pays d’étangs, pour pouvoir en déduire d’une manière incontestable que les étangs ne peuvent s’établir dans un pays marécageux ; en effet, une contrée n’est ordinairement marécageuse que parce que les eaux ne s’écoulent pas ou s’écoulent mal ; et cela ne peut avoir lieu que là où le sol a peu de pente. Ce n’est donc en aucune façon à cause des marais, ni pour en tirer parti, que les étangs ont été établis ; c’est pourtant l’opinion reçue presque exclusivement et partout répétée par les écrivains : la commission d’agriculture et des arts, présidée par Berthollet, dans son rapport général sur les étangs, l’a admise comme positive, surtout pour le département de l’Ain ; il était essentiel d’en prouver ici le peu de fondement, parce que ce rapport est devenu historique dans la question des étangs, qu’il consacre des idées fausses sur l’état naturel du sol d’une partie de la France, et que tôt ou tard il sera consulté comme pièce authentique, lorsque dans l’établissement d’un code rural on voudra traiter la question générale des étangs.
Nous avons cru devoir appuyer sur ces deux conditions
de terrain incliné et ondulé, nécessaires aux pays d’étangs,
pour pouvoir en déduire d’une manière incontestable que
les étangs ne peuvent s’établir dans un pays marécageux ;
en effet, une contrée n’est ordinairement marécageuse
que parce que les eaux ne s’écoulent pas ou s’écoulent
mal ; et cela ne peut avoir lieu que là où le sol a peu de
pente. Ce n’est donc en aucune façon à cause des marais,
ni pour en tirer parti, que les étangs ont été établis ;
c’est pourtant l’opinion reçue presque exclusivement
et partout répétée par les écrivains : la commission
d’agriculture et des arts, présidée par Berthollet, dans
son rapport général sur les étangs, l’a admise comme positive,
surtout pour le département de l’Ain ; il était
essentiel d’en prouver ici le peu de fondement, parce
que ce rapport est devenu historique dans la question des
étangs, qu’il consacre des idées fausses sur l’état naturel
du sol d’une partie de la France, et que tôt ou tard il
sera consulté comme pièce authentique, lorsque dans l’établissement
d’un code rural on voudra traiter la question
générale des étangs.


{{p|9:4:3|}}{{T5|§ {{rom-maj|iii}}. — Nécessite d’étangs nombreux.}}
{{p|9:4:3|}}{{T5|§ {{rom-maj|iii}}. — Nécessité d’étangs nombreux.}}


Une troisième condition nécessaire à l’établissement des étangs dans un pays, c’est qu’ils y soient nombreux, rapprochés les uns des autres, et à portée des villes ; car le poisson est une denrée de luxe qui ne trouve de débouché abondant que dans la ville, et qui a besoin, pour devenir un genre de commerce productif, d’être fournie au consommateur successivement et à mesure du besoin. En outre, dans tous les pays d’étangs, les moyens d’avoir du poisson sont les mêmes ; partout on a besoin de trois espèces d’étangs, ceux pour faire naître la ''pose ou feuille'', ceux pour la faire grandir et arriver à donner de l’''empoissonnage'' ou ''nourrain'', et enfin ceux où l'''empoissonnage'' grandit pour fournir le poisson de la consommation. Si les étangs sont peu nombreux, isolés ou seulement éloignés, il est d’autant plus difficile d’avoir ces trois espèces, bien qu’elles ne différent entre elles que pour leur étendue ; leur exploitation alors exige des transports à distance, dangereux pour la feuille, l’empoissonnage ou le poisson, et donne beaucoup d’embarras qui ne s’évitent que lorsqu’ils peuvent être groupés en nombre dans une même localité. Cette condition sera encore plus nécessaire si, comme en Dombes, ils sont cultivés en assec tous les deux ou trois ans.
Une troisième condition nécessaire à l’établissement des
étangs dans un pays, c’est qu’ils y soient nombreux, rapprochés
les uns des autres, et à portée des villes ; car le
poisson est une denrée de luxe qui ne trouve de débouché
abondant que dans la ville, et qui a besoin, pour
devenir un genre de commerce productif, d’être fournie
au consommateur successivement et à mesure du besoin.
En outre, dans tous les pays d’étangs, les moyens d’avoir
du poisson sont les mêmes ; partout on a besoin de trois
espèces d’étangs, ceux pour faire naître la ''pose ou feuille'',
ceux pour la faire grandir et arriver à donner de l’''empoissonnage''
ou ''nourrain'', et enfin ceux où l'''empoissonnage''
grandit pour fournir le poisson de la consommation. Si
les étangs sont peu nombreux, isolés ou seulement éloignés,
il est d’autant plus difficile d’avoir ces trois espèces,
bien qu’elles ne différent entre elles que pour leur étendue ;
leur exploitation alors exige des transports à distance,
dangereux pour la feuille, l’empoissounage ou le
poisson, et donne beaucoup d’embarras qui ne s’évitent
que lorsqu’il peuvent être groupés en nombre dans une
même localité. Cette condition sera encore plus nécessaire
si, comme en Dombes, ils sont cultivés en assec tous les
deux ou trois ans.


Enfin, lorsque les étangs sont un peu nombreux, l’eau de ceux qu’on évacue peut servir à remplir les étangs inférieurs du même bassin, ou ceux des bassins voisins avec lesquels on établit des communications. Ce voisinage et cette communication des étangs entre eux sont une circonstance qui peut beaucoup concourir à rendre leur économie profitable ; toutefois, lorsqu’ils sont nombreux
Enfin, lorsque les étangs sont un peu nombreux, l’eau
dans un canton, les surfaces de sol qui versent l’eau à chacun d’eux ne peuvent être que peu étendues ; il faut alors des pluies très abondantes pour les remplir, ce qui n’arrive pas tous les ans : c’est dans ce cas qu’il est d’un grand intérêt de ne point laisser perdre l’eau et de recueillir, quand on le peut, dans les étangs inférieurs, celle des étangs supérieurs que l’on pêche.
de ceux qu’on évacue peut servir à remplir les étangs inférieurs
du même bassin, ou ceux des bassins voisins avec
lesquels on établit des communications. Ce voisinage et
cette communication des étangs entre eux sont une circonstance
qui peut beaucoup concourir à rendre leur
économie profitable ; toutefois, lorsqu’ils sont nombreux
dans un canton, les surfaces de sol qui versent l’eau à
chacun d’eux ne peuvent être que peu étendues ; il faut
alors des pluies très abondantes pour les remplir, ce qui
n’arrive pas tous les ans : c’est dans ce cas qu’il est d’un
grand intérêt de ne point laisser perdre l’eau et de recueillir,
quand on le peut, dans les étangs inférieurs,
celle des étangs supérieurs que l’on pêche.


{{p|9:4:4|}}{{T5|§ {{rom-maj|iv}}. — Les pays d’étangs doivent être élevés au-dessus
{{p|9:4:4|}}{{T5|§ {{rom-maj|iv}}. — Les pays d’étangs doivent être élevés au-dessus des bassins des rivières.}}
des bassins des rivières.}}


Les pays d’étangs devant avoir beaucoup de pente, se
Les pays d’étangs devant avoir beaucoup de pente, se