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Dès le premier jour, un instinct sûr a éloigné Boissier du vers-formule, du vers frappé comme une médaille. Il a presque toujours senti, le délicieux poète du rêve et de la brume, qu’il n’était point fait pour les nettetés et les précisions. Mais l’inconscient préfacier trouve que dans son œuvre « abondent les vers de poète, ceux en qui se formule une pensée dans une image. » Le voilà pris sur le fait l’inepte syllogisme du critique aveugle : Les seuls vers de poète sont ceux en qui se formule une pensée dans une image ; or je sens bien que Boissier est un vrai poète ; donc Boissier doit faire beaucoup de vers-formules. — Mes expériences antérieures m’apprennent que les belles femmes sont brunes ; or vous êtes belle ; donc vous êtes brune.

Il vient de dire que les vers solides et précis abondent dans le livre. Consciencieusement, il les cherche. Il n’en trouve guère ; il s’étonne, et il se reprend comme il peut : « Dans une œuvre toute de charme, j’ai tenu cependant à louer, avant tout, cette qualité maîtresse d’en contenir quelques-uns. » — C’est étrange, madame, à vous mieux regarder, je ne puis plus analyser votre beauté. Vous n’êtes pas brune, en effet, et me voici bien dérouté. Mais parmi votre che-