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pour une expédition de plusieurs mois, opération qui dura jusqu’à la fin de mai. A cette époque, tout l’équipage se trouva réuni sur le point où étaient les canots. Vers le milieu de juillet, la glace commença à se diviser ; mais pendant plusieurs semaines, le vent du nord-est l’accumula dans la baie, qui fut complètement bloquée. Enfin, le 14 août, une nappe d’eau liquide parut dans la direction du nord, à peu de distance. Nos prisonniers se hâtèrent de briser la barrière de glace qui les en séparait, et le lendemain matin les canots se trouvèrent en liberté : l’heure de la délivrance avait enfin sonné. Poussée par une forte brise de l’ouest qui acheva de disperser la glace, l’expédition, après avoir longé la côte pendant quelque temps, atteignit en un seul jour le bord opposé de la passe du Prince-Régent. Elle doubla le cap York et se trouva bientôt presque à moitié chemin du détroit de Lancastre. Elle ne comptait guère néanmoins rencontrer des baleiniers qui ne se hasardent que rarement dans ces parages reculés, lorsque, le 21 juillet, elle vit tout à coup le terme de ses malheurs.
pour une expédition de plusieurs mois, opération qui dura jusqu’à la fin de mai. À cette époque, tout l’équipage se trouva réuni sur le point où étaient les canots. Vers le milieu de juillet, la glace commença à se diviser ; mais pendant plusieurs semaines, le vent du nord-est l’accumula dans la baie, qui fut complètement bloquée. Enfin, le 14{{lié}}août, une nappe d’eau liquide parut dans la direction du nord, à peu de distance. Nos prisonniers se hâtèrent de briser la barrière de glace qui les en séparait, et le lendemain matin les canots se trouvèrent en liberté : l’heure de la délivrance avait enfin sonné. Poussée par une forte brise de l’ouest qui acheva de disperser la glace, l’expédition, après avoir longé la côte pendant quelque temps, atteignit en un seul jour le bord opposé de la passe du Prince-Régent. Elle doubla le cap York et se trouva bientôt presque à moitié chemin du détroit de Lancastre. Elle ne comptait guère néanmoins rencontrer des baleiniers qui ne se hasardent que rarement dans ces parages reculés, lorsque, le 21{{lié}}juillet, elle vit tout à coup le terme de ses malheurs.


« A quatre heures du matin, tandis que nous étions tous endormis, le matelot en vigie, David Wood, crut distinguer un bâtiment dans nos eaux, et en donna tout de suite avis au commandant Ross, qui, au moyen de sa lunette d’approche, vit, bientôt que c’était en effet un navire. Nous sortîmes tous à l’instant des tentes et nous précipitâmes sur le rivage, chacun donnant son avis sur le gréement du navire en vue, sa nation et la route qu’il tenait ; il se trouvait néanmoins encore quelques esprits chagrins qui soutenaient que ce n’était qu’une montagne de glace. Sans perdre de temps, les canots furent mis à l’eau, et nous fîmes des signaux en brûlant de la poudre mouillée ; à six heures nous quittâmes la petite crique où nous avions passé la nuit. L’air était calme, et les faibles brises qui se levaient et tombaient bientôt, souflaient dans toutes les directions, ce qui rendait notre marche très lente. Nous gagnions cependant le navire, et s’il fût resté à la place où il était, nous l’eussions promptement rejoint. Malheureusement le vent se fit tout à coup, et le bâtiment se dirigea, toutes voiles dehors, au sud-est ; celui de nos canots qui se trouvait en tête, perdit bientôt l’avance qu’il avait gagnée, et les deux autres mirent le cap à l’est dans l’espoir de couper la route du navire qui fuyait. Vers les dix heures, nous en découvrîmes un autre au nord ; il était en panne et paraissait attendre ses canots, ce qui nous fit croire un instant qu’il nous avait aperçus. Nous nous trompions cependant, car bientôt il mit toutes ses voiles dehors et fit route. Nous ne fûmes pas long-temps sans voir qu’il nous laissait en arrière ; ce moment fut un des plus cruels deux navires étaient sous nos yeux, dont un seul eût suffi pour mettre fin
« À quatre heures du matin, tandis que nous étions tous endormis, le matelot en vigie, David Wood, crut distinguer un bâtiment dans nos eaux, et en donna tout de suite avis au commandant Ross, qui, au moyen de sa lunette d’approche, vit bientôt que c’était en effet un navire. Nous sortîmes tous à l’instant des tentes et nous précipitâmes sur le rivage, chacun donnant son avis sur le gréement du navire en vue, sa nation et la route qu’il tenait ; il se trouvait néanmoins encore quelques esprits chagrins qui soutenaient que ce n’était qu’une montagne de glace. Sans perdre de temps, les canots furent mis à l’eau, et nous fîmes des signaux en brûlant de la poudre mouillée ; à six heures nous quittâmes la petite crique où nous avions passé la nuit. L’air était calme, et les faibles brises qui se levaient et tombaient bientôt, souflaient dans toutes les directions, ce qui rendait notre marche très lente. Nous gagnions cependant le navire, et s’il fût resté à la place où il était, nous l’eussions promptement rejoint. Malheureusement le vent se fit tout à coup, et le bâtiment se dirigea, toutes voiles dehors, au sud-est ; celui de nos canots qui se trouvait en tête, perdit bientôt l’avance qu’il avait gagnée, et les deux autres mirent le cap à l’est dans l’espoir de couper la route du navire qui fuyait. Vers les dix heures, nous en découvrîmes un autre au nord ; il était en panne et paraissait attendre ses canots, ce qui nous fit croire un instant qu’il nous avait aperçus. Nous nous trompions cependant, car bientôt il mit toutes ses voiles dehors et fit route. Nous ne fûmes pas long-temps sans voir qu’il nous laissait en arrière ; ce moment fut un des plus cruels : deux navires étaient sous nos yeux, dont un seul eût suffi pour mettre fin