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nous voyons que les stoïciens<ref>{{abr|Diog.|Diogène Laërce}}, {{rom-maj|VII|7}}, 75, 76.</ref> faisaient une différence entre {{lang|grc|πιθανόν}} et {{lang|grc|εὔλογον}}. Le {{lang|grc|πιθανόν}} est défini : {{lang|grc|ἀξίωμα τὸ ἄγον εἰς συγϰατάθειν}} et le {{lang|grc|εὔλογον : ἀξίωμα τὸ πλείονας ἀφορμὰς ἔχον εἰς τὸ ἀληθὲς εἶναι}}. Si le {{lang|grc|πιθανόν}} conduit à l’assentiment, Arcésilas était conséquent avec lui-même en le repoussant. Il pouvait, au point de vue pratique, admettre le {{lang|grc|εὔλογον}} comme équivalent de la vérité.
nouB voyons que les stoïciens ^^^ faisaient une différence entre
^iOcufiv et dSXoyùv. Le ^miBcufév est défini : i^i’cuput xh iyop ek
avyxtmêSeatv ^ et le sBkoyov : à^lo^ut rh ^"keiovaç à(popyÀs fyùv
els rb dkviOèt elvat. Si le ’BiOapAp conduit à Tassentîment, Arcésilas était conséquent avec lui-même en le repoussant. Il pouvait,
au point de vue pratique, admettre le eôhyyov conune équivalent
de la vérité.


D’ailleurs, le {{lang|grc|εὔλογον}} d’Arcésilas ne se confond pas avec le {{lang|grc|πιθανόν}} de Carnéade. Pas une fois le mot {{lang|grc|εὔλογον}} n’est employé par Sextus lorsqu’il expose les théories de Carnéade. De plus, pour Carnéade une représentation isolée peut, en raison de sa force et de sa vivacité<ref>{{abr|Sext.|Sextus Empiricus}}, ''{{abr|M.|Adversos Mathematicos}}'', {{rom-maj|VII|7}}, 166-171.</ref> être appelée {{lang|grc|πιθανή}} ; il est clair que le {{lang|grc|εὔλογον}} suppose une pluralité de représentations bien liées entre elles. Il est vrai que Carnéade, comme on le verra plus loin, ne se contente pas de ce premier caractère, et exige en outre que la ({{lang|grc|φαντασία}} soit {{lang|grc| ἀπερίσπαστος}} et {{lang|grc|περιωδευμένη}} : et ici, il est évident que la raison intervient<ref>Contrairement à Hirzel, il nous semble que c’est la raison qui juge s’il n’y a pas contradiction entre les diverses représentations qui accompagnent celle qui est en question. Mais il reste vrai, comme il l’a montré, que la source de la probabilité est essentiellement dans la donnée sensible.</ref>. Mais elle intervient d’une autre manière que chez Arcésilas. Chez ce dernier, c’est de la raison seule que dépend la vraisemblance ; chez le premier, la probabilité des représentations ne vient que pour une part de la raison ; sa véritable source est l’expérience : la raison ne fait guère qu’exercer un contrôle. Il faut donc faire une distinction entre les deux termes : pour Arcésilas, c’est le raisonnable qui est le critérium pratique de la conduite ; pour Carnéade, c’est le probable. — Si on persiste à désigner la philosophie de la nouvelle Académie sous le nom, d’ailleurs assez mal choisi, de ''probabilisme'' (car ce mot était employé au {{s|xvii}} avec une signification bien différente), c’est seulement à partir de Carnéade que ce mot trouvera son application légitime.
D’ailleurs, le eSkayo» d’Arcésilas ne se confond pas avec le
«1001^1’ de Carnéade. Pas une fois le mot sSkoyov n est employé
par Sextus lorsqu’il expose les théories de Carnéade. De plus,
pour Carnéade une représentation isolée peut, en raison de sa
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elles. Il est vrai que Carnéade, comme on le verra plus loin, ne
se contente pas de ce premier caractère, et exige en outre que
la (paaneuria soit àmptanaalos et ’ereptcâSeviiAmi : et ici, il est
évident que la raison intervient ^^^ Mais elle intervient d’une
autre maniève que chez Arcésilas. Chez ce dernier, c’est de la
raison seule que dépend la vraisemblance; chez le premier, la
probabilité des représentations ne vient que pour une part de
la raison; sa véritable source est l’expérience : la raison ne fait
guère qu’exercer un contrôle. Il faut donc faire une distinction
entre les deux termes : pour Arcésilas, c’est le raisonnable qui
est le critérium pratique de la conduite; pour Carnéade, c’est le
probable. — Si on persiste à désigner la philosophie de la nouvelle Académie sous le nom , d’ailleurs assez mal choisi , de probabilisme (car ce mot était employé au xvii* siècle avec une signification bien différente), c’est seulement à partir de Carnéade
que ce mot trouvera son application légitime.


Le raisonnable pour Arcésilas désignait donc des actions qu’on
Le raisonnable pour Arcésilas désignait donc des actions qu’on

’») Diog., VII,75, 76.

t«> S«it., Af., Vil, 166-171.

(’) Contrairement à Hirtel, il nous sembie que c’est ia raiwii qui juge s’il n y
a jpas contradiction entre les diverses représentations qui ncoompagnent celle qui est en question. Mais il reste vrai, comme il Ta montré, que ia source de la probabilité est essentiellement dans la donnée sonsible.