« Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, II.djvu/128 » : différence entre les versions

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C’était la saison dorée, où les blés sont mûrs, le jasmin déjà blanc embaume le feuillage de la tonnelle, on commence à courber la vigne, les raisins pendent en grappes sur les échalas, le rossignol chante sur la haie, on entend des rires d’enfants dans les bois, les foins sont enlevés. Oh jadis les nymphes venaient danser sur la prairie et se formaient des guirlandes avec les fleurs des prés, la fontaine murmurait un roucoulement frais et amoureux, les colombes allaient voler sur les tilleuls, le matin encore quand le soleil se lève l’horizon est toujours d’un bleu vaporeux et la vallée répand sur les coteaux un frais parfum humide des baisers de la nuit et de la rosée des fleurs.
C’était la saison dorée, où les blés sont mûrs, le jasmin déjà blanc embaume le feuillage de la tonnelle, on commence à courber la vigne, les raisins pendent en grappes sur les échalas, le rossignol chante sur la haie, on entend des rires d’enfants dans les bois, les foins sont enlevés. Oh jadis les nymphes venaient danser sur la prairie et se formaient des guirlandes avec les fleurs des prés, la fontaine murmurait un roucoulement frais et amoureux, les colombes allaient voler sur les tilleuls, le matin encore quand le soleil se lève l’horizon est toujours d’un bleu vaporeux et la vallée répand sur les coteaux un frais parfum humide des baisers de la nuit et de la rosée des fleurs.


Mathurin couché depuis plusieurs jours dormait sur sa couche. Quels étaient ses songes ? Sans doute comme sa vie, calmes et purs. La fenêtre ouverte laissait entrer à travers sa jalousie des rayons de soleil. La treille grimpant le long de la muraille grise nouait ses fruits mûrs aux branches mêlées de la clématite. Le coq chantait dans la basse-cour, les faneurs reposaient à l’ombre sous les grands noyers aux troncs tapissés de mousses. Non loin et sous les ormeaux il y avait un rond de gazon où ils allaient souvent faire la méridienne et dont la verdure touffue n’était seulement tachée que d’iris et de coquelicots. C’est là que couchés sur le ventre ou assis et causant ils buvaient ensemble pendant que la cigale chantait, que les {{tiret|in|insectes}}
Mathurin couché depuis plusieurs jours dormait sur sa couche. Quels étaient ses songes ? Sans doute comme sa vie, calmes et purs. La fenêtre ouverte laissait entrer à travers sa jalousie des rayons de soleil. La treille grimpant le long de la muraille grise nouait ses fruits mûrs aux branches mêlées de la clématite. Le coq chantait dans la basse-cour, les faneurs reposaient à l’ombre sous les grands noyers aux troncs tapissés de mousses. Non loin et sous les ormeaux il y avait un rond de gazon où ils allaient souvent faire la méridienne et dont la verdure touffue n’était seulement tachée que d’iris et de coquelicots. C’est là que couchés sur le ventre ou assis et causant ils buvaient ensemble pendant que la cigale chantait, que les {{tiret|in|sectes}}