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''intelligere,'' comprendre, est même chose que lire clairement et connaître avec évidence. Ils appelaient ''cogitare'' ce qui se dit en Italien ''pensare'' et ''andar raccogliendo ; ratio,'' raison, désignait chez eux une collection d’éléments numériques, et ce don propre à l’homme qui le distingue des brutes et constitue sa supériorité ; ils appelaient ordinairement l’homme un animal ''qui participe à la raison (rationis particeps),'' et qui par conséquent ne la possède pas absolument. De même que les mots sont les signes des idées, les idées sont les signes et les représentations des choses. Ainsi comme lire, ''legere,'' c’est rassembler les éléments de l’écriture, dont se forment les mots, l’intelligence (''intelligere'') consiste à assembler tous les éléments d’une chose, d’où ressort l’idée parfaite. On peut donc conjecturer que les anciens Italiens admettaient la doctrine suivante sur le vrai : Le vrai est le fait même, et par conséquent Dieu est la vérité première, parce qu’il est le premier ''faiseur (factor)'' ; la vérité infinie, parce qu’il a fait toutes choses ; la vérité absolue, puisqu’il représente tous les éléments des choses, tant externes qu’internes, car il les contient. Savoir, c’est assembler les éléments des choses, d’où il suit que la pensée (''cogitatio'') est propre à l’esprit humain, et l’intelligence à l’esprit divin ; car Dieu réunit tous les éléments des choses, tant externes qu’internes, puisqu’il les contient et que c’est lui qui les dispose ; tandis que l’esprit humain, limité comme il l’est, et en dehors de tout ce qui n’est pas lui-même, peut rapprocher les points extrêmes, mais ne peut jamais tout réunir, en sorte qu’il peut bien penser sur les choses mais non les ''compreidre ;'' voilà pourquoi il participe à la raison, mais ne la {{tiret|pos|possède}}
''intelligere,'' comprendre, est même chose que lire clairement et connaître avec évidence. Ils appelaient ''cogitare'' ce qui se dit en Italien ''pensare'' et ''andar raccogliendo ; ratio,'' raison, désignait chez eux une collection d’éléments numériques, et ce don propre à l’homme qui le distingue des brutes et constitue sa supériorité ; ils appelaient ordinairement l’homme un animal ''qui participe à la raison (rationis particeps),'' et qui par conséquent ne la possède pas absolument. De même que les mots sont les signes des idées, les idées sont les signes et les représentations des choses. Ainsi comme lire, ''legere,'' c’est rassembler les éléments de l’écriture, dont se forment les mots, l’intelligence (''intelligere'') consiste à assembler tous les éléments d’une chose, d’où ressort l’idée parfaite. On peut donc conjecturer que les anciens Italiens admettaient la doctrine suivante sur le vrai : Le vrai est le fait même, et par conséquent Dieu est la vérité première, parce qu’il est le premier ''faiseur (factor)'' ; la vérité infinie, parce qu’il a fait toutes choses ; la vérité absolue, puisqu’il représente tous les éléments des choses, tant externes qu’internes, car il les contient. Savoir, c’est assembler les éléments des choses, d’où il suit que la pensée (''cogitatio'') est propre à l’esprit humain, et l’intelligence à l’esprit divin ; car Dieu réunit tous les éléments des choses, tant externes qu’internes, puisqu’il les contient et que c’est lui qui les dispose ; tandis que l’esprit humain, limité comme il l’est, et en dehors de tout ce qui n’est pas lui-même, peut rapprocher les points extrêmes, mais ne peut jamais tout réunir, en sorte qu’il peut bien penser sur les choses mais non les ''compreidre ;'' voilà pourquoi il participe à la raison, mais ne la {{tiret|pos|sède}}