« Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/111 » : différence entre les versions

→‎Page non corrigée : Page créée avec « <nowiki /> Elle avait raison de parler de la sorte, car le spectacle offert par la tendresse des jeunes gens incitait aux meil­leures espérances. Depuis que nulle serv… »
(Aucune différence)

Version du 12 février 2021 à 08:31

Cette page n’a pas encore été corrigée
111
L’AVIATEUR INCONNU

Elle avait raison de parler de la sorte, car le spectacle offert par la tendresse des jeunes gens incitait aux meil­leures espérances.

Depuis que nulle servitude ne pesait sur Elvire et son fiancé, leur mutuel amour s’était accentué comme ces fleurs, captives d’un lien trop serré, s’épanouissent aussi­tôt qu’on les en délivre. Plus de causeries furtives, à l’abri des troènes du jardin, plus de gymnastique hasar­deuse pour dérober un pauvre petit baiser… à présent, une indépendance presque absolue laissait les jeunes gens l’un à l’autre ; indépendance dont ils n’abusaient pas, encore qu’ils en usassent largement. Si bien qu’à force de contempler leurs tendres regards, leurs mains unies, à force de surprendre, sans l’avoir prémédité, leurs apartés, toujours à l’abri des troènes, mais à l’intérieur du jardin, ce qui indiquait un grand progrès, puisque la grille était franchie, Flossie, jeune femme à la fleur de l’âge, n’était pas sans éprouver une troublante irritation.

Ajoutons que le capitaine Henri de Jarcé s’était empressé de reparaître à Pourville sous le prétexte de savoir ce qu’il advenait des projets d’amour de son pupille. Renseigné, il avait présenté à Elvire ses compli­ments, il avait déjeuné à la villa, et, il faut bien le dire, la jolie Anglaise n était pas sans apprécier l’élégante cour­toisie et l’agréable prestance du chef d’escadrille.

Existait-il, dans l’esprit de Flossie, une relation entre la vue permanente des amoureux et les égards du capitaine ? Bien fin qui eût pu le dire, mais, en tout cas, la jeune femme se sentait envahie d’une émotion qu’elle n’avait jamais connue.

Au surplus, rien ne permettait de supposer que M. de Jarcé éprouvât, pour Flossie, un autre sentiment que celui de la simple camaraderie. La tante d’Elvire, entraînée de longue date, aux finesses du flirt tel qu’il est pratiqué outre-Manche, savait parfaitement que l’empres­sement, l’amabilité persistante ne signifient pas grand’chose, excepté le plaisir de la fréquentation. Elle se trouvait donc dans un état d’esprit fort singulier, puis­ qu’elle se déclarait incapable, si profondément qu’elle s’in­terrogeât, de déterminer si le capitaine avait pour elle une prédilection marquée, ou bien s’il agissait envers elle comme il l’aurait fait vis-à-vis de toute autre femme séduisante.