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L’AVIATEUR INCONNU

épaulée, cependant que Tristan arborait une drôle de phy­sionomie, moitié colère, moitié confuse. Mais la plus pro­fondément étonnée était sans contredit Elvire, absolument incapable de saisir à quoi rimait le manège de son espiègle parente.

— Qu’est-ce que cela signifie ? grommela Félix.

— Qu’est-ce que M. Vernal peut avoir de commun avec l’Aviateur inconnu ?

Alors, Flossie, avec une verve étourdissante, et un humour irrésistible, se mit à conter l’emploi de sa nuit. Elle décrivit sa randonnée, son déjeuner à l’auberge de Buchy, son intrusion au camp, la surprise gênée du capi­taine de Jarcé, sa propre insistance… De tout cela, elle sut faire un tableau d’un pittoresque achevé et termina en ces termes :

— Voilà comment, grâce à mon flair et ma ténacité, je suis arrivée à trouver, comme vous dites en France, la pie au nid ! J’étais sûre que M. Jean-Louis seul pouvait pui­ser dans son amour pour ma nièce, le courage de risquer sa vie. J’estime, mon cher Félix, qu’il a maintenant tous les droits à ton admiration puisqu’il est aviateur, mais que de ton côté, Elvire, tu peux lui ouvrir les bras, puisque l’hélice ne lui fera jamais oublier sa palette. Mes enfants, je vous bénis, embrassez-vous !

Elvire et Jean-Louis n’auraient pas demandé mieux que d’obéir à cette injonction, quoique la jeune fille, encore toute éberluée, ne se rendît pas exactement compte de ce qui arrivait. Mais Félix Bergemont, rassemblant toute Sa dignité, entreprit de questionner le jeune homme :

— Quoi, c’est vous ! qui semiez aux quatre coins du can­ton ces déclarations d’amour ?

— Oui, monsieur, répondit modestement l’artiste.

— C’est vous qui voliez ainsi de nuit au-dessus de nos têtes ? Voyons, voyons, c’est inadmissible ! On n’obtient pas sans de longues études l’expérience nécessaire à de pareils exploits !

— J’avais un bon maître et sans doute n’étais-je pas un trop mauvais élève !

— Tout de même, s’entêta Bergemont cadet, j’ai peine à comprendre… je…

Heureusement, son frère accourut à la rescousse.

— Ah ! je t’en prie, Félix, ne sois pas mauvais joueur !