« Page:Boutroux - De l’idee de loi naturelle dans la science et la philosophie contemporaines.djvu/94 » : différence entre les versions

AkBot (discussion | contributions)
Pywikibot touch edit
État de la page (Qualité des pages)État de la page (Qualité des pages)
-
Page non corrigée
+
Page corrigée
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
celui des vertébrés, celui des mollusques, celui des articulés et celui des rayonnés. Il place dans l’inter-fécondité le signe de l’espèce. Mais il ne se borne pas à chercher une méthode de classification. Déjà son principe de la subordination des caractères va plus loin que la simple description. Lui aussi cherche des lois de solidarité et de rapports. Tel est son principe de la corrélation des formes, en vertu duquel : 1° aucune partie ne peut changer sans que les autres changent aussi ; 2° étant donné la forme d’un organe, il est possible de calculer celle des autres. Tel est encore son principe des conditions d’existence, en vertu duquel chaque animal possède exactement ce qu’il lui faut pour assurer son existence dans les conditions où il est placé.
celui des vertébrés, celui des mollusques, celui des articulés et celui des rayonnés. Il place dans l’inter-fécondité le signe de l’espèce. Mais il ne se borne pas à chercher une méthode de classification. Déjà son principe de la subordination des caractères va plus loin que la simple description. Lui aussi cherche des lois de solidarité et de rapports. Tel est son principe de la corrélation des formes, en vertu duquel : 1{{e|o}} aucune partie ne peut changer sans que les autres changent aussi ; 2{{e|o}} étant donné la forme d’un organe, il est possible de calculer celle des autres. Tel est encore son principe des conditions d’existence, en vertu duquel chaque animal possède exactement ce qu’il lui faut pour assurer son existence dans les conditions où il est placé.

Jusqu’ici nous avons vu la nature considérée comme système. Cependant du sein même de la philosophie cartésiano-baconienne s’étaient élevées des doctrines tendant à voir, non plus dans l’ordre immuable, mais dans l’histoire et la genèse des êtres, l’objet suprême des sciences de la nature. Déjà Kant, dans son Histoire naturelle du Ciel, déduit la genèse du monde. Schelling et Hégel glorifient, aux yeux du philosophe, la recherche du développement historique, en posant l’identité de l’ordre logique et de l’ordre historique. En France, Condillac présente son système de transformation comme historique aussi bien que logique. On en vient à attribuer au passé non plus seulement une influence, mais une véritable causalité à l’égard du présent. De là, la doctrine du progrès, brillamment soutenue par Condorcet, dans son Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain. De là l’idée de lois historiques proprement dites, reliant, dune manière nécessaire, non plus les éléments simples des choses, [90]
Jusqu’ici nous avons vu la nature considérée comme système. Cependant du sein même de la philosophie cartésiano-baconienne s’étaient élevées des doctrines tendant à voir, non plus dans l’ordre immuable, mais dans l’histoire et la genèse des êtres, l’objet suprême des sciences de la nature. Déjà Kant, dans son ''Histoire naturelle du Ciel'', déduit la genèse du monde. Schelling et Hégel glorifient, aux yeux du philosophe, la recherche du développement historique, en posant l’identité de l’ordre logique et de l’ordre historique. En France, Condillac présente son système de transformation comme historique aussi bien que logique. On en vient à attribuer au passé non plus seulement une influence, mais une véritable causalité à l’égard du présent. De là, la doctrine du progrès, brillamment soutenue par Condorcet, dans son ''Esquisse d’un tableau historique des progrès de l’esprit humain.'' De là l’idée de lois historiques proprement dites, reliant, dune manière nécessaire, non plus les éléments simples des choses,