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Quelle ardeur chez l’homme de lettres de ce temps, et quelle curiosité, quelle chaleur dans le public ! Ô splendeurs éclipsées, Ô soleil descendu derrière l’horizon ! — Une seconde phase se produisit dans le mouvement littéraire moderne, qui nous donna Balzac, c’est-à-dire le vrai Balzac, Auguste Barbier et Théophile Gautier. Car nous devons remarquer que, bien que celui-ci n’ait été un littérateur décidément en vue qu’après la publication de Mademoiselle de Maupin, son premier recueil de poésies, bravement lancé en pleine révolution, date de 1830. Ce ne fut, je crois, qu’en 1832 qu’Albertus fut rejoint à ces poésies. Quelque vive et riche qu’eût été jusqu’alors la nouvelle sève littéraire, il faut avouer qu’un élément lui avait fait défaut, ou du moins ne s’y laissait observer que rarement, comme par exemple dans Notre-Dame de Paris, Victor Hugo faisant positivement exception par le nombre et l’ampleur de ses facultés ; je veux parler du rire et du sentiment du grotesque. Les Jeune-France prouvèrent bientôt que l’école se complétait. Quelque léger que cet ouvrage puisse paraître à plusieurs, il renferme de grands mérites. Outre la beauté du diable, c’est-à-dire la grâce charmante et l’audace de la jeunesse, il contient le rire, et le meilleur rire. Évidemment, à une époque pleine de duperies, un auteur s’installait en pleine ironie et prouvait qu’il n’était pas dupe. Un vigoureux bon sens le sauvait des pastiches et des religions à la mode. Avec une nuance de plus, ''une Larme du Diable'' continuait ce filon de riche jovialité. ''{{tiret|Made|Mademoiselle}}''
Quelle ardeur chez l’homme de lettres de ce temps, et quelle curiosité, quelle chaleur dans le public ! Ô splendeurs éclipsées, Ô soleil descendu derrière l’horizon ! — Une seconde phase se produisit dans le mouvement littéraire moderne, qui nous donna Balzac, c’est-à-dire le vrai Balzac, Auguste Barbier et Théophile Gautier. Car nous devons remarquer que, bien que celui-ci n’ait été un littérateur décidément en vue qu’après la publication de Mademoiselle de Maupin, son premier recueil de poésies, bravement lancé en pleine révolution, date de 1830. Ce ne fut, je crois, qu’en 1832 qu’Albertus fut rejoint à ces poésies. Quelque vive et riche qu’eût été jusqu’alors la nouvelle sève littéraire, il faut avouer qu’un élément lui avait fait défaut, ou du moins ne s’y laissait observer que rarement, comme par exemple dans Notre-Dame de Paris, Victor Hugo faisant positivement exception par le nombre et l’ampleur de ses facultés ; je veux parler du rire et du sentiment du grotesque. Les Jeune-France prouvèrent bientôt que l’école se complétait. Quelque léger que cet ouvrage puisse paraître à plusieurs, il renferme de grands mérites. Outre la beauté du diable, c’est-à-dire la grâce charmante et l’audace de la jeunesse, il contient le rire, et le meilleur rire. Évidemment, à une époque pleine de duperies, un auteur s’installait en pleine ironie et prouvait qu’il n’était pas dupe. Un vigoureux bon sens le sauvait des pastiches et des religions à la mode. Avec une nuance de plus, ''une Larme du Diable'' continuait ce filon de riche jovialité. ''{{tiret|Made|moiselle}}''