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C’est que la théorie atomique ne nous donne pas autre chose, en définitive, que le schème imaginatif de la notion de loi, exactement comme une courbe représente pour la vue les variations de la température ou le mouvement de la population. Une loi naturelle est un rapport constant entre deux termes définis et immuables; c’est ce rapport que représente excellemment un couple d’atomes dont l’action mutuelle dépend uniquement de leur distance. Convenablement déterminé, l’atome fournit des schèmes correspondant aux lois physiques et aux lois chimiques, lesquelles sont conçues d’après le modèle des lois mécaniques. Cette représentation est naturelle et très commode ; mais elle est relative à notre imagination, pour laquelle elle est construite. Une métaphore n’est pas une réalité.
C’est que la théorie atomique ne nous donne pas autre chose, en définitive, que le schème imaginatif de la notion de loi, exactement comme une courbe représente pour la vue les variations de la température ou le mouvement de la population. Une loi naturelle est un rapport constant entre deux termes définis et immuables; c’est ce rapport que représente excellemment un couple d’atomes dont l’action mutuelle dépend uniquement de leur distance. Convenablement déterminé, l’atome fournit des schèmes correspondant aux lois physiques et aux lois chimiques, lesquelles sont conçues d’après le modèle des lois mécaniques. Cette représentation est naturelle et très commode ; mais elle est relative à notre imagination, pour laquelle elle est construite. Une métaphore n’est pas une réalité.


Quelle est enfin la signification des principes de la chimie en ce qui concerne le déterminisme ? Il est à remarquer que, dans l’antiquité, l’atomisme était une doctrine d’athéisme, ou du moins de non-intervention des dieux, tandis que, chez les modernes, il n’exclut pas en général les croyances religieuses. Newton relie étroitement l’idée de Dieu à la nature de l’espace et des lois mécaniques de l’univers. Boscovich est spiritualiste, et subordonne l’existence du monde, qu’il tient pour contingent, à l’arbitre d’une puissance infinie. Cette différence semble résulter de la notion qu’on s’est faite de l’inertie. Les anciens atomistes, en effet, admettaient que la matière possède en elle-même un principe de mouvement : dès lors ils n’avaient que faire de l’action d’un Dieu. Chez les modernes, au contraire, on considère séparément la masse et le mouvement, que l’on regarde comme indépendants l’un de l’autre. Dès lors leur réunion peut paraître exiger l’intervention d’une puissance surnaturelle. [69]
Quelle est enfin la signification des principes de la chimie en ce qui concerne le déterminisme ? Il est à remarquer que, dans l’antiquité, l’atomisme était une doctrine d’athéisme, ou du moins de non-intervention des dieux, tandis que, chez les modernes, il n’exclut pas en général les croyances religieuses. Newton relie étroitement l’idée de Dieu à la nature de l’espace et des lois mécaniques de l’univers. Boscovich est spiritualiste, et subordonne l’existence du monde, qu’il tient pour contingent, à l’arbitre d’une puissance infinie. Cette différence semble résulter de la notion qu’on s’est faite de l’inertie. Les anciens atomistes, en effet, admettaient que la matière possède en elle-même un principe de mouvement : dès lors ils n’avaient que faire de l’action d’un Dieu. Chez les modernes, au contraire, on considère séparément la masse et le mouvement, que l’on regarde comme indépendants l’un de l’autre. Dès lors leur réunion peut paraître exiger l’intervention d’une puissance {{tiret|sur|naturelle}}.