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liées aux propriétés des atomes pour expliquer par ces derniers les changements de nature qui semblent se produire dans les corps. Donc l’atome est intelligible et principe d’intelligibilité.
liées aux propriétés des atomes pour expliquer par ces derniers les changements de nature qui semblent se produire dans les corps. Donc l’atome est intelligible et principe d’intelligibilité.


Mais ces affirmations donnent prise à la critique. Tout d’abord, on ne peut expliquer par l’atome l’infinie variété des choses qu’en se faisant de cet atome une notion plus ou moins extra-scientifique. Ainsi certains savants estiment que l’atome étendu ne se concilie pas avec la force centrifuge qu’impliquent les rapports des atomes situés à de petites distances les uns des autres, et ils réduisent l’atome à n’être qu’un centre de force, inétendu et cependant situé dans l’espace. Telle fut l’hypothèse de Boscovich, reprise par des savants comme Ampère, Cauchy, Carnot. (Voir la belle étude de M. F. Pillon sur l’Evolution historique de l’atomisme, dans l’Année philosophique, 1891.) D’autre part, pour expliquer par la combinaison des atomes les phénomènes de sensation et de pensée, certains métaphysiciens attribuent à l’atome, non seulement des propriétés mécaniques et physiques, mais aussi des propriétés psychiques. C’est ainsi que dans le système d’Epicure intervient le clinamen, lequel n’est, en définitive, qu’une ébauche du libre arbitre. De nos jours, l’atomisme entre dans une phase nouvelle avec Locke, comme l’a montré M. F. Pillon dans l’étude citée plus haut. Dieu est tout-puissant, dit Locke ; il peut donc, sans contradiction, conférer à l’atome à la fois l’étendue et la pensée. Suivant la direction imprimée par Locke à l’atomisme, Maupertuis accorde à l’atome, outre les qualités physiques, un rudiment de sensibilité et de pensée. Aujourd’hui encore, cette manière de voir se retrouve chez un savant comme Haeckel, lequel fait l’atome animé et voit dans l’affinité élective des corps la [67]
Mais ces affirmations donnent prise à la critique. Tout d’abord, on ne peut expliquer par l’atome l’infinie variété des choses qu’en se faisant de cet atome une notion plus ou moins extra-scientifique. Ainsi certains savants estiment que l’atome étendu ne se concilie pas avec la force centrifuge qu’impliquent les rapports des atomes situés à de petites distances les uns des autres, et ils réduisent l’atome à n’être qu’un centre de force, inétendu et cependant situé dans l’espace. Telle fut l’hypothèse de Boscovich, reprise par des savants comme Ampère, Cauchy, Carnot. (Voir la belle étude de {{M.|F. Pillon}} sur l’''Évolution historique de l’atomisme,'' dans l’Année philosophique, 1891.) D’autre part, pour expliquer par la combinaison des atomes les phénomènes de sensation et de pensée, certains métaphysiciens attribuent à l’atome, non seulement des propriétés mécaniques et physiques, mais aussi des propriétés psychiques. C’est ainsi que dans le système d’Épicure intervient le ''clinamen'', lequel n’est, en définitive, qu’une ébauche du libre arbitre. De nos jours, l’atomisme entre dans une phase nouvelle avec Locke, comme l’a montré {{M.|F. Pillon}} dans l’étude citée plus haut. Dieu est tout-puissant, dit Locke ; il peut donc, sans contradiction, conférer à l’atome à la fois l’étendue et la pensée. Suivant la direction imprimée par Locke à l’atomisme, Maupertuis accorde à l’atome, outre les qualités physiques, un rudiment de sensibilité et de pensée. Aujourd’hui encore, cette manière de voir se retrouve chez un savant comme Hæckel, lequel fait l’atome animé et voit dans l’affinité élective des corps la