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leur nourriture ; mais alors ils devraient passer plus fréquemment d’un fleuron à l’autre, ce qu’ils ne font pas, si ce n’est lorsque, après une alerte sans résultat, ils regagnent leurs cachettes et choisissent le point qui leur paraît le plus favorable. Cette immobilité signifie que les fleurons de la camomille leur servent seulement de lieu d’embuscade, comme plus tard le corps de l’Anthophore leur servira uniquement de véhicule pour arriver à la cellule de l’hyménoptère. Ils ne prennent donc aucune nourriture, pas plus sur les fleurs que sur les abeilles ; et comme pour les Sitaris, leur premier repas consistera dans l’œuf de l’Anthophore, que les crocs de leurs mandibules sont destinés à éventrer.

Leur immobilité est, disons-nous, complète ; mais rien n’est plus facile que d’éveiller leur activité en suspens. Avec un brin de paille, ébranlons légèrement une fleur de camomille : à l’instant les Méloés quittent leurs cachettes, s’avancent en rayonnant de tous côtés sur les pétales blancs de la circonférence, et les parcourent d’un bout à l’autre avec toute la rapidité que permet l’exiguïté de leur taille. Arrivés au bout extrême des pétales, ils s’y fixent soit avec leurs appendices caudaux, soit peut-être avec une viscosité analogue à celle que fournit le bouton anal des Sitaris ; et le corps pendant en dehors, les six pattes libres, ils se livrent à des flexions en tous sens, ils s’étendent autant qu’ils le peuvent, comme s’ils s’efforçaient d’atteindre un but trop éloigné. Si rien ne se présente qu’ils puissent saisir, ils regagnent le centre de la fleur après quelques vaines tentatives et reprennent bientôt leur immobilité.