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pour le moment son but, je ne tardai pas à en découvrir une autre, bien plus nombreuse, et dont l’anxieuse activité trahissait des recherches sans résultat. À terre, sous le gazon, couraient, effarées, d’innombrables petites larves, rappelant, sur quelques points, le tumultueux désordre d’une fourmilière bouleversée ; d’autres grimpaient à la hâte au sommet d’un brin d’herbe et en descendaient avec la même précipitation ; d’autres encore plongeaient dans la bourre cotonneuse des gnaphales desséchés, y séjournaient un moment et reparaissaient bientôt après pour recommencer leurs recherches. Enfin, avec un peu d’attention, je pus me convaincre que, dans l’étendue d’une dizaine de mètres carrés, il n’y avait peut-être pas un seul brin de gazon qui ne fût exploré par plusieurs de ces larves.

J’assistais évidemment à la sortie récente des jeunes Méloés hors des terriers maternels. Une partie s’était déjà établie sur les fleurs des camomilles et des séneçons pour attendre l’arrivée des hyménoptères ; mais la majorité errait encore à la recherche de ce gîte provisoire. C’est par cette population errante que j’avais été envahi en me couchant au pied du talus. Toutes ces larves, dont je n’oserais limiter le nombre effrayant de milliers, ne pouvaient former une seule famille et reconnaître une même mère ; malgré ce que Newport nous a appris sur l’étonnante fécondité des Méloés, je ne saurais le croire tant leur multitude était grande.

Bien que le tapis de verdure se continuât dans une longue étendue sur le bord de la route, il me fut impossible d’y découvrir une seule larve de Méloé