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414 REVUE PHILOSOPHIQUE

dominée par une obligation supérieure. — Quels sont ces principes
dominée par une obligation supérieure. — Quels sont ces principes
suprêmes de la morale d'où découle le code entier des devoirs? Peu-
suprêmes de la morale d’où découle le code entier des devoirs ? Peuvent-ils, comme le prétend {{M.|Sidgwick}}, se ramener en dernière
analyse à celui de l’utilité ? S’il en était ainsi, l’intuitionisme aurait
vent-ils, comme le prétend M. Sidgwick, se ramener en dernière
succombé, car il ne serait plus qu’un utilitarisme vague et inconscient. Il nous reste donc à interroger les penseurs qui, pénétrant
analyse à celui de l'utilité? S'il en était ainsi, l'intuitionisme aurait
plus avant, ont essayé de ramener à une ou deux formules d’une précision scientifique la totalité confuse des maximes du sens commun.
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cient. Il nous reste donc à interroger les penseurs qui, pénétrant
plus avant, ont essayé de ramener à une ou deux formules d'une pré-
cision scientifique la totalité confuse des maximes du sens commun.


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ques. Le stoïcisme, par exemple, impose à l'homme, comme but
Écartons d’abord certaines formules qui sont purement tautologiques. Le stoïcisme, par exemple, impose à l’homme, comme but
suprême, de « vivre conformément à la nature ». Mais la nature
suprême, de « vivre conformément à la nature ». Mais la nature
humaine, selon les stoïciens, est essentiellement constituée par la
humaine, selon les stoïciens, est essentiellement constituée par la
raison, en sorte que la formule : vivre conformément à la nature, est
raison, en sorte que la formule : vivre conformément à la nature, est
identique à celle-ci : vivre conformément à la raison. Et en quoi cette
identique à celle-ci : vivre conformément à la raison. Et en quoi cette
formule peut-elle être obligatoire sinon en ce qu'elle est conforme
formule peut-elle être obligatoire sinon en ce qu’elle est conforme
à la raison ? Et ainsi le stoïcisme s'enferme dans ce cercle vicieux :
à la raison ? Et ainsi le stoïcisme s’enferme dans ce cercle vicieux :
« il est conforme à la raison de vivre conformément à la raison. »
« il est conforme à la raison de vivre conformément à la raison. »


La même critique pourrait s'appliquer, suivant M. Sidgwick, aux
La même critique pourrait s’appliquer, suivant {{M.|Sidgwick}}, aux
principes de la morale platonicienne et aristotélicienne , à la règle
principes de la morale platonicienne et aristotélicienne, à la règle
de Butler, qu'il faut obéir à la conscience, et à la notion de perfec-
de Butler, qu’il faut obéir à la conscience, et à la notion de perfection dans le système de Wolf. Il est pourtant deux penseurs à qui
l’on ne saurait adresser un pareil reproche : ce sont Glarke et Kant.
tion dans le système de Wolf. Il est pourtant deux penseurs à qui
l'on ne saurait adresser un pareil reproche : ce sont Glarke et Kant.


Clarke propose à l'égard de notre conduite envers nos semblables,
Clarke propose à l’égard de notre conduite envers nos semblables,
deux règles fondamentales. La première, qu'il appelle règle d'équité,
deux règles fondamentales. La première, qu’il appelle règle d’équité,
il la formule ainsi : « Tout ce que je juge raisonnable ou déraison-
il la formule ainsi : « Tout ce que je juge raisonnable ou déraisonnable qu’autrui me fasse à moi-même, je déclare par le même jugement qu’il est raisonnable ou déraisonnable que je le fasse à autrui
nable qu'autrui me fasse à moi-même, je déclare par le même juge-
ment qu'il est raisonnable ou déraisonnable que je le fasse à autrui
dans les mêmes circonstances. » Cette formule, où il est facile de
dans les mêmes circonstances. » Cette formule, où il est facile de
reconnaître le commandement divin : « Fais à autrui ce que tu vou-
reconnaître le commandement divin : « Fais à autrui ce que tu voudrais qui te fût fait à toi-même, » et le principe formel de Kant : « Agis
drais qui te fût fait à toi-même, » et le principe formel de Kant : c Agis
de manière que la maxime de ta conduite puisse être prise comme loi
de manière que la maxime de ta conduite puisse être prise comme loi
universelle, » n'est pas tautologique, mais elle est insuffisante. Elle
universelle, » n’est pas tautologique, mais elle est insuffisante. Elle
exprime bien cette espèce particulière de justice qui consiste dans
exprime bien cette espèce particulière de justice qui consiste dans
l'impartialité ; mais elle ne nous dit ni quelles sortes de règles doi-
l’impartialité ; mais elle ne nous dit ni quelles sortes de règles doivent être impartialement appliquées, ni dans quels cas il devient
légitime d’établir entre les êtres humains des différences de traitement. Nous n’avons pas là un critérium complet du devoir.
vent être impartialement appliquées, ni dans quels cas il devient
légitime d'établir entre les êtres humains des différences de traite-
ment. Nous n'avons pas là un critérium complet du devoir.

La seconde règle de Glarke à l'égard de notre conduite envers


La seconde règle de Glarke à l’égard de notre conduite envers
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