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nous aimions, Madeleine, le premier instinct libéré ne devait-il pas être l’instinct de l’amour ?
<section begin="s1" />nous nous aimions, Madeleine, le premier instinct libéré ne devait-il pas être l’instinct d’amour ?


— Oh ! dit-elle, c’est lui qui m’agitait confusément jadis, quand j’attirais les hommes autour de moi et que j’épiais le tressaillement de leur cœur. Depuis le premier jour de ce voyage, Pascal, je sens que toute ma tendresse et toute ma vie se concentrent, grossissent et vont vers vous, telles des sources perdues qui trouveraient enfin leur chemin.
— Oh ! dit-elle, c’est lui qui m’agitait confusément jadis, quand j’attirais les hommes autour de moi et que j’épiais le tressaillement de leur cœur. Depuis le premier jour de ce voyage, Pascal, je sens que toute ma tendresse et toute ma vie se concentrent, grossissent et vont vers vous, telles des sources perdues qui trouveraient enfin leur chemin.


Ils se promenèrent dans une allée de tilleuls d’où la vue s’étend sur des collines ornées de prairies et de vergers. Au fond du vallon, les ruines d’un aqueduc s’enveloppent de lierre. Le charme du paysage imprégna leur amour de douceur et de confiance. Ils s’appuyaient au bras l’un de l’autre.
Ils se promenèrent dans une allée de tilleuls d’où la vue s’étend sur des collines ornées de prairies et de vergers. Au fond du vallon, les ruines d’un aqueduc s’enveloppent de lierre. Le charme du paysage imprégna leur amour de douceur et de confiance. Ils s’appuyaient au bras l’un de l’autre. Madeleine dit :


— Je vous aime, Pascal, dit-elle.
— Je vous aime, Pascal.


Elle s’arrêta. Il vit ses yeux mouillés de larmes et il dut la soutenir, car elle défaillait d’émotion.
Elle s’arrêta. Il vit ses yeux mouillés de larmes et il dut la soutenir, car elle défaillait d’émotion. Elle murmura :


— C’est la première fois que je dis ces mots-là, Pascal, murmura-t-elle, alors… alors… cela me bouleverse… la première fois, vous me croyez, n’est-ce pas ?
— C’est la première fois que je dis ces mots-là, Pascal,, alors… alors… cela me bouleverse… la première fois, vous me croyez, n’est-ce pas ?


— Je vous crois, Madeleine.
— Je vous crois, Madeleine.
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Il lui prit les mains et les yeux.
Il lui prit les mains et les yeux.


— Regardez-moi bien, Madeleine. Nous savons ce que nous faisons et où nous allons ; eh bien, qu’il n’y ait pas entre nous de prière ni de coquetterie. Madeleine, vous serez à moi, n’est-ce pas ?
— Regardez-moi bien, Madeleine… nous savons ce que nous faisons et où nous allons… eh bien, qu’il n’y ait pas entre nous de prière ni de coquetterie… Madeleine, vous serez à moi, n’est-ce pas ?


Elle ne baissa pas les yeux, nul embarras ne la fit rougir. Pourtant il la sentit qui palpitait à cette idée qu’elle n’avait pas encore envisagée. Elle répondit gravement :
Elle ne baissa pas les yeux, et nul embarras ne la fit rougir. Pourtant il la sentit qui palpitait à cette idée qu’elle n’avait pas encore envisagée. Elle répondit gravement :


— Je serai vôtre, Pascal, quand vous jugerez que l’heure sera venue.
— Je serai vôtre, Pascal, quand vous jugerez que l’heure sera venue.

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<section begin="s2" /><nowiki />


{{t3|'''VIII'''}}



Les flammes du soleil brûlaient l’espace. Sous la voûte des frondaisons lourdes, sous des branches de sapin tendues comme des palmes vigilantes, jouait une source. Cette oasis les retint.

— Comme l’eau est tentante ! dit Madeleine. On voudrait, quand il fait chaud, que l’air fût cela, de l’eau à travers laquelle on marcherait. Si seulement on en avait jusqu’aux pieds !

Une berge dévalait, veinée de racines. Ils y prirent place. Pascal insinua :

— Madeleine, trempez vos pieds dans cette eau, ça vous délassera, et c’est un spectacle que j’aimerais.

Elle l’examina un peu tristement :

— Pascal, Pascal, ce n’est pas bien, vous cherchez à effacer un autre souvenir et à me forcer à faire une chose parce que Régine l’a faite.

— Pourquoi non ? avoua-t-il… soyez indulgente à ma faiblesse. Peut-être aussi voudrais-je qu’il y eût entre nous moins de réserve. Nos âmes se rapprochent chaque jour, et cependant des obstacles s’opposent à nos mains qui aimeraient s’étreindre, à notre désir secret d’un peu plus d’abandon.

Elle enleva ses souliers. Elle défit ses bas. Et elle offrit ses jambes à l’eau.

— C’est ma faute, dit-elle, je deviens d’une pudeur ridicule… Comment ai-je pu montrer mes épaules à tant de gens et avec tant d’insouciance ? Je ne le pourrais plus aujourd’hui. Auprès de vous, j’ai des frissons de honte… Je voudrais me cacher parfois, vos regards me touchent ainsi que des mains…

Elle était toute rougissante. Elle le supplia, en riant d’elle-même : <section end="s2" />