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— Oui, monsieur, fit une servante qui entrait. On vient d’apprendre la mort de la pauvre {{Mme|Folette}}. Elle a rendu son âme à Dieu sans même souffrir. On a eu à peine le temps de prévenir {{M.|le curé}} et {{M.|le docteur}}. Un souffle qui passe, comme a dit sa garde. Y en a, monsieur, qui assurent qu’elle avait plus de cent ans…
— Oui, monsieur, fit une servante qui entrait. On vient d’apprendre la mort de la pauvre {{Mme|Folette}}. Elle a rendu son âme à Dieu sans même souffrir. On a eu à peine le temps de prévenir {{M.|le curé}} et {{M.|le docteur}}. Un souffle qui passe, comme a dit sa garde. Y en a, monsieur, qui assurent qu’elle avait plus de cent ans…


Folette morte !…
Folette morte !…


Pierre et Violette, dont les nerfs étaient déjà exacerbés, tombèrent d’instinct dans les bras l’un de l’autre en versant les larmes amères et chaudes de l’enfance qui souffre.
Pierre et Violette, dont les nerfs étaient déjà exacerbés, tombèrent d’instinct dans les bras l’un de l’autre en versant les larmes amères et chaudes de l’enfance qui souffre.
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Le surlendemain matin, ce fut l’inhumation de Folette.
Le surlendemain matin, ce fut l’inhumation de Folette.


Une heure avant la cérémonie, {{Mme|Boisgarnier}} dit à son fils, qui, depuis deux jours, demeurait fiévreux et dolent :
Une heure avant la cérémonie, {{Mme|Boisgarnier}} dit à son fils, qui, depuis deux jours, demeurait fiévreux et dolent :


— Mon petit Pierre, je ne connaissais pas ta vieille amie, mais j’irai pour toi prier à son enterrement. Toi, mon pauvre enfant, il faut que tu restes ici, tu es vraiment trop malade, il faut éviter les émotions, tu…
— Mon petit Pierre, je ne connaissais pas ta vieille amie, mais j’irai pour toi prier à son enterrement. Toi, mon pauvre enfant, il faut que tu restes ici, tu es vraiment trop malade, il faut éviter les émotions, tu…


— Oh ! maman ! coupa Pierre avec indignation. Moi, ne pas aller à l’enterrement de Folette ? C’est impossible ! Je ne vous désobéis jamais, mais, cette fois, je suis sûr que vous n’insisterez pas…
— Oh ! maman ! coupa Pierre avec indignation. Moi, ne pas aller à l’enterrement de Folette ? C’est impossible ! Je ne vous désobéis jamais, mais, cette fois, je suis sûr que vous n’insisterez pas…


— Mais, mon petit…
— Mais, mon petit…


— Maman, je vous en prie ! Vous me feriez trop de peine. Jamais, non, jamais vous ne saurez ce que Folette a été pour moi et… même pour vous.
— Maman, je vous en prie ! Vous me feriez trop de peine. Jamais, non, jamais vous ne saurez ce que Folette a été pour moi et… même pour vous…


{{Mme|Boisgarnier}} ne dit mot. Elle embrassa son fils et l’emmena jusqu’au moulin.
{{Mme|Boisgarnier}} ne dit mot. Elle embrassa son fils et elle l’emmena jusqu’au moulin.


C’était par une très douce matinée d’arrière-saison, au cours de laquelle les oiseaux et les insectes, les arbres et les fleurs se hâtent de donner leurs derniers parfums et leurs derniers cris avant la morsure du prochain gel… Folette s’en allait par un beau jour… Mais elle s’en allait bien seule… Aucun parent, aucun ami…
C’était par une très douce matinée d’arrière-saison, au cours de laquelle les oiseaux et les insectes, les arbres et les fleurs se hâtent de donner leurs derniers parfums et leurs derniers cris avant la morsure du prochain gel… Folette s’en allait par un beau jour… Mais elle s’en allait bien seule… Aucun parent, aucun ami…