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sur ses lèvres minces tandis qu’elle écoutait le récit |
<section begin="s1" />sur ses lèvres minces tandis qu’elle écoutait le récit de « la caverne et des nains ». Mais elle demeura très grave quand lui fut contée l’aventure de Barbe-Bleue. |
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Elle n’avait plus du tout l’air follet en entendant la merveilleuse histoire du cabinet maudit et des sept femmes. |
Elle n’avait plus du tout l’air follet en entendant la merveilleuse histoire du cabinet maudit et des sept femmes. |
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À des yeux plus expérimentés que ceux de l’enfance il aurait bien apparu d’ailleurs, que cette bizarre petite créature, déséquilibrée par quelque affreux chagrin, passait rapidement de la folie à la lucidité, ce qui la rendait étrangement déconcertante. |
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— M. |
— {{M.|de Vauderland}}… disait-elle… oui… oui… je sais qui c’est, il est très bon. Il donne la moitié de ses biens aux pauvres… |
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Alors, très en confiance, Pierre interrogea |
Alors, très en confiance, Pierre interrogea : |
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— Mais, alors, madame, pourquoi est-il si laid, pourquoi a-t-il de si vieux vêtements |
— Mais, alors, madame, pourquoi est-il si laid, pourquoi a-t-il de si vieux vêtements ? |
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— Mon enfant, reprit gravement Folette, il a de vieux vêtements parce qu’il se prive, je vous l’ai dit, pour les malheureux. Il vous paraît laid, soupira-t-elle, parce qu’il a beaucoup souffert et vieilli. |
— Mon enfant, reprit gravement Folette, il a de vieux vêtements parce qu’il se prive, je vous l’ai dit, pour les malheureux. Il vous paraît laid, soupira-t-elle, parce qu’il a beaucoup souffert et vieilli. |
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Et comme elle parlait volontiers par aphorisme, elle ajouta en levant vers le ciel son petit index desséché : |
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— Oyez, oyez-moi bien, mon fiston, l’habit ne fait pas le moine |
— Oyez, oyez-moi bien, mon fiston, l’habit ne fait pas le moine ; il ne faut jamais se fier aux apparences, il ne faut jamais juger les gens sur leur mine… |
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Pierre, un peu déconcerté, ne disait mot. |
Pierre, un peu déconcerté, ne disait mot. |
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— Beau prince, ajouta-t-elle, il faut revenir dans la forêt, vous y apprendrez beaucoup de choses. Vous la croyez enchantée |
— Beau prince, ajouta-t-elle, il faut revenir dans la forêt, vous y apprendrez beaucoup de choses. Vous la croyez enchantée ? Peut-être… Son véritable enchantement, c’est celui de la nature… créée par Dieu. |
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Puis, l’œil plus vague, elle ajouta |
Puis, l’œil plus vague, elle ajouta : |
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— Regardez donc cette belle libellule qui vole sur la rivière |
— Regardez donc cette belle libellule qui vole sur la rivière ! N’est-ce pas une enchanteresse ? Le frisson de l’air pur passe dans ses ailes, le ciel a coloré sa tête, il y a sur son corps métallique toutes les couleurs du prisme, toutes les caresses des étoiles, du soleil et de la lune. N’est-ce pas un enchantement, un véritable enchantement que tous les présents de la nature ; et ne vaut-il pas mieux que celui des fées ? |
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Quiée ! |
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Après une révérence, Folette rentra dans son moulin. Les enfants ne comprirent pas… |
Après une révérence, Folette rentra dans son moulin. Les enfants ne comprirent pas… |
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<section begin="s2" /><nowiki /> |
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{{t3|'''{{uc|Du rêve à la réalité}}'''|XII}} |
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— Allons, allons, mon petit Pierrot, comme tu es paresseux ce matin ! Déjeune donc vite. |
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{{Mme|Boisgarnier}} ouvrit elle-même les persiennes, et la lumière radieuse du matin prit tout de suite possession de la chambre. |
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À côté du lit, le chocolat fumant envoyait consciencieusement vers le plafond, comme une usine domestique, ses petites spirales odorantes. À côté, gisaient dans la soucoupe deux longues tartines de pain grillé posées là comme deux semelles de ramoneur. Pierre s’étira, les membres endoloris, les yeux lourds. |
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Il était très fatigué, les nerfs ébranlés par les événements de la veille : la danse des nains et la visite à Barbe-Bleue.<section end="s2" /> |