« Page:Sévigné - Lettres, éd. Monmerqué, 1862, tome 11.djvu/199 » : différence entre les versions

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M. de Bandol est arrivé eu bonne santé à Paris, non sans encombre<ref>3. Dans la même édition : «…………. à Paris, sans encombre. »</ref> sa chaise s’est cassée à Nevers, il a été obligé d’y en acheter une. Mon Dieu! qu’un petit gentilhomme à lièvre<ref>4. Vivant à sa campagne de ses choux et de son fusil comme dit Saint-Simon, tome VI, p. 445.</ref> est heureux dans sa gentilhommière ! Rien ne le trouble, il n’espère rien, il ne craint rien, ses jours coulent dans l’innocence ; il est sans passion et sans ennui; il n’a besoin<ref>5. L’édition de 1773 donne : « il n’a soin, » au lieu de « il n’a besoin, » et à la ligne suivante : « quand elles se coupent, » au lieu de « quand elles se rompent. »</ref> que de ses guêtres, elles font tout son équipage ; quand elles se rompent, une aiguillée de fil en fait l’affaire. Je le place dans les montagnes du Forez et du Vivarais, afin que les nouvelles ne parviennent à lui qu’au bout de deux ou trois ans. Il me semble que je le vois d’ici, tant mon imagination se remplit vivement de cette idée. Qu’il y a loin de lui à Monsieur le Grand Prieur !<ref>6. Jean-Philippe d’Orléans, fils naturel (légitimé en 1706) du duc d’Orléans régent, et de Marie-Louise-Madeleine-Victoire le Bel de Seri, comtesse d’Argenton, fille d’honneur de Madame, duchesse d’Orléans douairière. Il fut connu d’abord sous le nom de chevalier d’Orléans, et devint grand prieur de France avec des dispenses et par démission du prieur de Vendôme en 1719. Il était en outre, depuis 1716, général des galères et lieutenant général ès mers du Levant ; il mourut à l’âge de quarante-six ans, le 16 juin 1748. (''Note de l’édition de'' 1818.) Nous avons vu (p. 100, note 4) qu’il était venu de la part du Roi, le 17 décembre précédent, complimenter don Carlos à Cannes, et l’avait accompagné jusqu’à Antibes.</ref> Je vous prie de lui faire valoir que malgré mon goût et ma subite inclination pour ce paisible forestier, je l’aime encore davantage dans ce moment : c’est tout ce que je puis dire de plus fort. Adieu, Monsieur : honorez toujours de votre amitié la personne du monde qui vous est le plus sincèrement dévouée.
M. de Bandol est arrivé en bonne santé à Paris, non sans encombre<ref>3. Dans la même édition : «…………. à Paris, sans encombre. »</ref> sa chaise s’est cassée à Nevers, il a été obligé d’y en acheter une. Mon Dieu! qu’un petit gentilhomme à lièvre<ref>4. Vivant à sa campagne de ses choux et de son fusil comme dit Saint-Simon, tome VI, p. 445.</ref> est heureux dans sa gentilhommière ! Rien ne le trouble, il n’espère rien, il ne craint rien, ses jours coulent dans l’innocence ; il est sans passion et sans ennui; il n’a besoin<ref>5. L’édition de 1773 donne : « il n’a soin, » au lieu de « il n’a besoin, » et à la ligne suivante : « quand elles se coupent, » au lieu de « quand elles se rompent. »</ref> que de ses guêtres, elles font tout son équipage ; quand elles se rompent, une aiguillée de fil en fait l’affaire. Je le place dans les montagnes du Forez et du Vivarais, afin que les nouvelles ne parviennent à lui qu’au bout de deux ou trois ans. Il me semble que je le vois d’ici, tant mon imagination se remplit vivement de cette idée. Qu’il y a loin de lui à Monsieur le Grand Prieur !<ref>6. Jean-Philippe d’Orléans, fils naturel (légitimé en 1706) du duc d’Orléans régent, et de Marie-Louise-Madeleine-Victoire le Bel de Seri, comtesse d’Argenton, fille d’honneur de Madame, duchesse d’Orléans douairière. Il fut connu d’abord sous le nom de chevalier d’Orléans, et devint grand prieur de France avec des dispenses et par démission du prieur de Vendôme en 1719. Il était en outre, depuis 1716, général des galères et lieutenant général ès mers du Levant ; il mourut à l’âge de quarante-six ans, le 16 juin 1748. (''Note de l’édition de'' 1818.) Nous avons vu (p. 100, note 4) qu’il était venu de la part du Roi, le 17 décembre précédent, complimenter don Carlos à Cannes, et l’avait accompagné jusqu’à Antibes.</ref> Je vous prie de lui faire valoir que malgré mon goût et ma subite inclination pour ce paisible forestier, je l’aime encore davantage dans ce moment : c’est tout ce que je puis dire de plus fort. Adieu, Monsieur : honorez toujours de votre amitié la personne du monde qui vous est le plus sincèrement dévouée.