« Page:Maison rustique du XIXe siècle, éd. Bixio, 1844, I.djvu/84 » : différence entre les versions

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d’une marne qui contient 40 p. 0/0 de carbonate de chaux, c’est 4 heclolitres par an du principe calcaire ; nos seconds marnages seraient donc donnés de manière à fournir au sol par an depuis 4 jusqu’à 8 hectolitres de carbonate de chaux suivant la consistance du sol.

d’une marne qui contient 40 p. o/o de carbonate
de chaux, c’est 4 heclolitres par an du
principe calcaire ; nos seconds marnages seraient
donc donnés de manière à fournir au
sol par an depuis 4 jusqu’à 8 hectolitres de
carbonate de chaux suivant la consistance du
sol.


{{p|3:2:2:6}}{{T6|§ {{rom-maj|vi}}. — Épuisement du sol par la marne.}}
{{p|3:2:2:6}}{{T6|§ {{rom-maj|vi}}. — Épuisement du sol par la marne.}}


Lorsque dans un sol léger ou très-sec on a mis une forte dose de marne, qu’on ne lui rend pas des engrais animaux en proportion des produits qu’on en tire, que les récoltes épuisantes s’y succèdent, on voit petit-à-petit les récoltes diminuer, le sol prendre les caractères de sol calcaire peu fécond ; il produit encore plus qu’avant le marnage, mais on le dit épuisé, et une nouvelle dose de marne ne le rappelle pas à sa fécondité première : nous avons vu ce cas arriver dans l’Isère, où se trouvent réunies toutes les circonstances défavorables. Dans le sol argileux, ce résultat se montrerait plus difficilement et après un plus long terme. La marne ne dispense donc pas de fumier, mais elle est loin d’épuiser le sol ; nous pensons, au contraire, que pour en soutenir les grands produits, une dose de fumier beaucoup moindre est nécessaire. La marne double donc l’action du fumier, et on a, dans les fonds marnés, ce grand avantage d’un bon sol, de pouvoir obtenir de grands produits avec une quantité modérée d’engrais.
Lorsque dans un sol léger ou très-sec on
a mis une forte dose de marne, qu’on ne lui
rend pas des engrais animaux en proportion
des produits qu’on en tire, que les récoltes
épuisantes s’y succèdent, on voit petit-à-petit
les récoltes diminuer, le sol prendre
les caractères de sol calcaire peu fécond ; il
produit encore plus qu’avant le marnage,
mais on le dit épuisé, et une nouvelle dose
de marne ne le rappelle pas à sa fécondité
première : nous avons vu ce cas arriver dans
l’Isère, où se trouvent réunies toutes les circonstances
défavorables. Dans le sol argileux,
ce résultat se montrerait plus difficilement
et après un plus long terme. La marne ne
dispense donc pas de fumier, mais elle est
loin d’épuiser le sol ; nous pensons, au contraire,
que pour en soutenir les grands produits,
une dose de fumier beaucoup moindre
est nécessaire. La marne double donc
l’action du fumier, et on a, dans les fonds
marnés, ce grand avantage d’un bon sol, de
pouvoir obtenir de grands produits avec une
quantité modérée d’engrais.


Toutefois, nous devons dire que le premier marnage comme le premier chaulage produisent en quelque sorte un premier élan de fécondité dont le plus souvent on ne soutient pas toute la puissance. Pour que cela fût, il faudrait que l’année même du marnage, le fumier fût donné comme à l’ordinaire, ou que la marne fût livrée au sol en compost sans retrancher le fumier, comme dans beaucoup de seconds marnages en Angleterre. Mais cela a rarement lieu : partout on veut profiter de la faculté nouvelle donnée au sol de produire sans fumier, et on place son engrais dans les fonds qui n’ont pas encore reçu d’amendemens ; toutefois la Belgique, le département du Nord, la Normandie, la Sarthe, et une grande partie de l’Angleterre ont soutenu avec des soins la fécondité première donnée par la marne, et cela est dû, à la fois, à la quantité d’engrais et à la bonne culture qu’ils ont donnée a leur sol marné.
Toutefois, nous devons dire que le premier
marnage comme le premier chaulage produisent
en quelque sorte un premier élan de
fécondité dont le plus souvent on ne soutient
pas toute la puissance. Pour que cela fût, il
faudrait que l’année même du marnage, le
fumier fût donné comme à l’ordinaire, ou
que la marne fût livrée au sol en compost
sans retrancher le fumier, comme dans beaucoup
de seconds marnages en Angleterre.
Mais cela a rarement lieu : partout on veut
profiter de la faculté nouvelle donnée au sol
de produire sans fumier, et on place son engrais
dans les fonds qui n’ont pas encore reçu
d’amendemens ; toutefois la Belgique, le
département du Nord, la Normandie, la
Sarthe, et une grande partie de l’Angleterre
ont soutenu avec des soins la fécondité première
donnée par la marne, et cela est dû, à
la fois, à la quantité d’engrais et à la bonne
culture qu’ils ont donnée a leur sol marné.


{{p|3:2:2:7}}{{T6|§ {{rom-maj|vii}}. — Culture du sol après les marnages.}}
{{p|3:2:2:7}}{{T6|§ {{rom-maj|vii}}. — Culture du sol après les marnages.}}


Après tout ce que nous avons dit, on comprend que la culture du sol après les marnages doit être conduite avec discernement et mesure ; il ne faut profiter de la fécondité nouvelle du sol qu’en ménageant les forces artificielles qu’on lui a données ; il faut donc lui rendre des engrais en raison de ses produits, multiplier par conséquent les fourrages-feuillus et les fourrages-racines, profiter enfin de la fécondité de son sol autant en faveur des animaux producteurs du fumier qu’au profit du grenier : alors la marne est un immense moyen de fécondité présent et avenir. Nous ne conseillerons point cependant de changemens brusques dans l’assolement : dans tous les systèmes agricoles on peut faire produire au sol des récoltes productives de fumier.
Après tout ce que nous avons dit, on comprend
que la culture du sol après les marnages
doit être conduite avec discernement
et mesure ; il ne faut profiter de la fécondité
nouvelle du sol qu’en ménageant les forces
artificielles qu’on lui a données ; il faut donc
lui rendre des engrais en raison de ses produits,
multiplier par conséquent les fourrages-feuillus
et les fourrages-racines, profiter
enfin de la fécondité de son sol autant
en faveur des animaux producteurs du fumier
qu’au profit du grenier : alors la marne
est un immense moyen de fécondité présent
et avenir. Nous ne conseillerons point cependant
de changemens brusques dans l’assolement :
dans tous les systèmes agricoles
on peut faire produire au sol des
récoltes productives de fumier.


{{p|3:2:2:8}}{{T6|§ {{rom-maj|viii}}. — Assainissement produit par la marne.}}
{{p|3:2:2:8}}{{T6|§ {{rom-maj|viii}}. — Assainissement produit par la marne.}}


Une foule de faits et de raisonnemens ont établi que la chaux et ses composés portent dans le sol un principe d’assainissement en même temps que de fécondité. Les agens calcaires ôtent au sol l’humidité stagnante qui nuit à la végétation ; le sol devient poreux, perméable, les eaux peuvent mieux circuler dans l’intérieur, n’y stagnent plus et par conséquent ne s’y arrêtent pas.
Une foule de faits et de raisonnemens ont
établi que la chaux et ses composés portent
dans le sol un principe d’assainissement en
même temps que de fécondité. Les agens
calcaires ôtent au sol l’humidité stagnante
qui nuit à la végétation ; le sol devient poreux,
perméable, les eaux peuvent mieux circuler
dans l’intérieur, n’y stagnent plus et par
conséquent ne s’y arrêtent pas.


Toutes les eaux qui séjournent ou qui coulent sur la marne ou sur la pierre calcaire restent claires et limpides, portent partout la fécondité, et assainissent le sol et les produits du sol. Dans le sol marné, tous les végétaux des sols assainis croissent et prospèrent, le sol lui-même est donc assaini aussi bien dans ses émanations, que dans ses eaux, que dans ses produits : la marne, en donnant au sol toutes les qualités des sols calcaires, leur donne donc aussi la salubrité qui les distingue partout, et la marne doit agir dans ce cas plus énergiquement encore que la chaux, parce qu’on la donne plus abondamment au sol, et qu’elle y développe à un plus haut point les qualités des sols calcaires ; ''la marne'' est donc comme la chaux, comme tous les agens calcaires, un principe de salubrité aussi bien que de fécondité.
Toutes les eaux qui séjournent ou qui coulent
sur la marne ou sur la pierre calcaire
restent claires et limpides, portent partout
la fécondité, et assainissent le sol et les produits
du sol. Dans le sol marné, tous les végétaux
des sols assainis croissent et prospèrent,
le sol lui-même est donc assaini aussi
bien dans ses émanations, que dans ses eaux,
que dans ses produits : la marne, en donnant
au sol toutes les qualités des sols calcaires,
leur donne donc aussi la salubrité qui les
distingue partout, et la marne doit agir dans
ce cas plus énergiquement encore que la
chaux, parce qu’on la donne plus abondamment
au sol, et qu’elle y développe à un plus
haut point les qualités des sols calcaires ; ''la
marne'' est donc comme la chaux, comme tous
les agens calcaires, un principe de salubrité
aussi bien que de fécondité.


{{p|3:2:3}}{{T5|'''{{sc|Article}} {{rom-maj|iii}}.''' — ''Emploi des plâtras ou débris de démolition comme amendemens''.}}
{{p|3:2:3}}{{T5|'''{{sc|Article}} {{rom-maj|iii}}.''' — ''Emploi des plâtras ou débris de démolition comme amendemens''.}}


Les débris de démolition ont une ''grande influence sur la végétation'' ; leur effet sur le sol semble quelquefois plus avantageux que celui de la chaux. Ils contiennent, en outre du carbonate de chaux et d’un peu de chaux encore caustique, des sels déliquescens à base de chaux, des nitrates et des muriates de chaux, de potasse et de soude, qui ajoutent à l'effet du principe calcaire sur les végétaux. Leur effet fécondant s’exerce exclusivement sur les sols non calcaires ; ailleurs ils sont plutôt nuisibles qu’utiles et rendent les sols plus sensibles à la sécheresse.
Les débris de démolition ont une ''grande
influence sur la végétation'' ; leur effet sur le
sol semble quelquefois plus avantageux que
celui de la chaux. Ils contiennent, en outre
du carbonate de chaux et d’un peu de chaux
encore caustique, des sels déliquescens à
base de chaux, des nitrates et des muriates
de chaux, de potasse et de soude, qui ajoutent
à l'effet du principe calcaire sur les végétaux.
Leur effet fécondant s’exerce exclusivement
sur les sols non calcaires ; ailleurs
ils sont plutôt nuisibles qu’utiles et rendent
les sols plus sensibles à la sécheresse.


Les débris de démolition ont un ''effet très durable'' ; ils sont très-avantageux sur les prés ou pâturages humides non calcaires, mais qui ne sont cependant ni marécageux ni inondés ; ils améliorent la récolte en quantité et en qualité. On les emploie avec avantage, avant et après l’hiver, sur les récoltes d’hiver comme sur celles de printemps, ils font produire plus de grains à proportion que de paille, et le grain est d’excellente qualité : on les emploie le plus souvent sans l’intermédiaire des composts parce qu’ils ont déjà formé dans les murs une partie des composés qui se forment dans les composts ; cependant, employés sous cette forme, leur effet s’accroîtrait encore en imprégnant de leurs forces fécondantes une masse de terre 7 à 8 fois plus considérable que la leur.
Les débris de démolition ont un ''effet très
durable'' ; ils sont très-avantageux sur les prés
ou pâturages humides non calcaires, mais
qui ne sont cependant ni marécageux ni
inondés ; ils améliorent la récolte en quantité
et en qualité. On les emploie avec avantage,
avant et après l’hiver, sur les récoltes
d’hiver comme sur celles de printemps, ils
font produire plus de grains à proportion
que de paille, et le grain est d’excellente qualité : on
les emploie le plus souvent sans l’intermédiaire
des composts parce qu’ils ont
déjà formé dans les murs une partie des
composés qui se forment dans les composts ;
cependant, employés sous cette forme, leur
effet s’accroîtrait encore en imprégnant de
leurs forces fécondantes une masse de terre
7 à 8 fois plus considérable que la leur.


Les plâtras, comme les autres amendemens
Les plâtras, comme les autres amendemens calcaires, ''demandent à être répandus sur la terre'' non mouillée, et veulent être enterrés peu profondément par un beau temps ; {{tiret|au|trement}}
calcaires, ''demandent à être répandus sur la
terre'' non mouillée, et veulent être enterrés
peu profondément par un beau temps ; {{tiret|au|trement}}