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sont-ils bien, dans Démocrite, là où l’on croit les apercevoir ? À cet
LÉVÊQUE. — L'ATOMISME GREC ET LA MÉTAPHYSIQUE 381
égard, l’étude des mots particuliers de la langue de Démocrite

apporte une lumière qu’il n’est pas possible de négliger.
sont-ils bien, dans Démocrite, là où l'on croit les apercevoir? A cet
égard, l'étude des mots particuliers de la langue de Démocrite
apporte une lumière qu'il n'est pas possible de négliger.


Dans le texte considérable que nous avons traduit plus haut, il y
Dans le texte considérable que nous avons traduit plus haut, il y
a quelques lignes que Sextus Empiricus cite comme empruntées
a quelques lignes que Sextus Empiricus cite comme empruntées
textuellement à Démocrite. Or deux mots, répétés avec une remar-
textuellement à Démocrite. Or deux mots, répétés avec une remarquable insistance, y sont employés pour établir une différence radicale entre les deux modes de connaître. Selon Démocrite, les choses
sensibles n’existent que {{grec}}; les atomes et le vide existent {{grec}}.
quable insistance, y sont employés pour établir une différence radi-
N’est-il pas indispensable de déterminer la signification de ces deux
cale entre les deux modes de connaître. Selon Démocrite, les choses
mots, d’abord en les considérant en eux-mêmes, puis dans leur
sensibles n'existent que vo^w; les atomes et le vide existent Iteîj.
relation avec toute la doctrine ? Et n’est-ce pas à ces deux mots
N'est-il pas indispensable de déterminer la signification de ces deux
mots, d'abord en les considérant en eux-mêmes, puis dans leur
relation avec toute la doctrine? Et n'est-ce pas à ces deux mots
caractéristiques de nous apprendre si, chez Démocrite, la sensation
caractéristiques de nous apprendre si, chez Démocrite, la sensation
est à la notion rationnelle comme la forme à la matière? Laissons
est à la notion rationnelle comme la forme à la matière ? Laissons
donc la parole à la philologie.
donc la parole à la philologie.


Le Thésaurus de Henri Estienne compte quatre significations du
Le ''Thésaurus'' de Henri Estienne compte quatre significations du
motvo[xo;. Il signifie : 1° pâturage et portion de territoire; 2° loi, loi
mot {{grec}} ;. Il signifie : 1° pâturage et portion de territoire ; 2° loi, loi
politique, loi religieuse, loi morale; 3° coutume, habitude, manière
politique, loi religieuse, loi morale ; 3° coutume, habitude, manière
d'être, mos, en latin, lequel mot latin mos serait tout simplement la
d’être, ''{{lang|la|mos}}'', en latin, lequel mot latin ''{{lang|la|mos}}'' serait tout simplement la
seconde moitié de vopoç; 4° enfin, air, chant, hymne, etc. De ces
seconde moitié de {{grec}} ; 4° enfin, air, chant, hymne, etc. De ces
quatre significations, il y en a trois qui ne peuvent convenir au
quatre significations, il y en a trois qui ne peuvent convenir au
texte de Démocrite, la sensation n'ayant ici rien à démêler avec les
texte de Démocrite, la sensation n’ayant ici rien à démêler avec les
pâturages, les lois politiques ou religieuses, et les airs de musique
pâturages, les lois politiques ou religieuses, et les airs de musique
ou de chant. Une seule de ces significations semble se rattacher à
ou de chant. Une seule de ces significations semble se rattacher à
l'existence de la sensation : c'est celle de la coutume, de l'habitude,
l’existence de la sensation : c’est celle de la coutume, de l’habitude,
de la manière d'être propre à un peuple ou à un individu. Et il y a
de la manière d’être propre à un peuple ou à un individu. Et il y a
d'autant plus lieu de l'appliquer dans le cas présent que lorsque
d’autant plus lieu de l’appliquer dans le cas présent que lorsque
vo[/.oç signifie habitude, coutume, il est toujours au datif, àv8pw7t(ov
{{grec}} signifie habitude, coutume, il est toujours au datif, {{grec}}. Démocrite, de son côté, l’emploie
toujours au datif, lui aussi. En sorte qu’il faudrait traduire : C’est en
vo(X(j), vojjuo Ootvtxwv, Fuvouxsioj vo k u(o. Démocrite, de son côté, l'emploie
vertu de la coutume, c’est par habitude, que nous affirmons l’existence du doux, de l’amer, du chaud, du froid, de la couleur ; mais c’est
toujours au datif, lui aussi. En sorte qu'il faudrait traduire : C'est en
en vérité ({{grec}}) que nous affirmons l’existence des atomes et du vide.
vertu de la coutume, c'est par habitude, que nous affirmons l'exis-
tence du doux, de l'amer, du chaud, du froid, de la couleur; mais c'est
en vérité (sTsrj) que nous affirmons l'existence des atomes et du vide.

Quant au mot stet), la signification en est constante : il veut dire
réellement, véritablement; Sextus Empiricus d'ailleurs a soin de
faire remarquer que Démocrite s'en sert à la place du mot aXr^aa.


Quant au mot {{grec}}, la signification en est constante : il veut dire
Ainsi, et en premier lieu, la sensation s'oppose à la notion ration-
réellement, véritablement ; Sextus Empiricus d’ailleurs a soin de
nel^ d'après Démocrite, comme la simple impression habituelle à la
faire remarquer que Démocrite s’en sert à la place du mot {{grec}}.
vérité elle-même.


Ainsi, et en premier lieu, la sensation s’oppose à la notion rationnelle d’après Démocrite, comme la simple impression habituelle à la
Mais qu'est-ce donc que cette impression coutumière qui n'a pas
vérité elle-même.
de valeur logique? Sextus Empiricus l'explique avec la plus parfaite
clarté.


Mais qu’est-ce donc que cette impression coutumière qui n’a pas
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de valeur logique ? Sextus Empiricus l’explique avec la plus parfaite
clarté.