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Démocrite, c’est la raison qui juge de la vérité, raison qu’il nomme connaissance légitime . »
Démocrite, c’est la raison qui juge de la vérité, raison qu’il nomme connaissance légitime<ref>Sextus Empir., ''Adv. Math''., {{rom-maj|VII|7}}, p. 399.</ref>. »


Je ne vois pas comment on pourrait hésiter sur le sens de ces
Je ne vois pas comment on pourrait hésiter sur le sens de ces
textes importants. En peu de mots, ils signifient que, selon Démocrite,
textes importants. En peu de mots, ils signifient que, selon Démocrite,
il y a deux modes de connaissance : la perception sensible et la
il y a deux modes de connaissance : la perception sensible et la
notion rationnelle. La première, la perception sensible, n’a pas de
notion rationnelle. La première, la perception sensible, n’a pas de
valeur logique. C’est une connaissance fondée sur la coutume,
valeur logique. C’est une connaissance fondée sur la coutume,
vouuo, une simple conjecture, xarà 8o£av, une connaissance obscure et
{{grec}}, une simple conjecture, {{grec}}, une connaissance obscure et
illégitime qui est le contraire de la connaissance légitime. Par elle,
illégitime qui est le contraire de la connaissance légitime. Par elle,
nous ne savons rien de vrai; elle nous cache plutôt la vérité, qui ne
nous ne savons rien de vrai ; elle nous cache plutôt la vérité, qui ne
nous est accessible que par une connaissance plus pénétrante. Il faut
nous est accessible que par une connaissance plus pénétrante. Il faut
donc éliminer, répudier la connaissance sensible et n’accepter que
donc éliminer, répudier la connaissance sensible et n’accepter que
la connaissance par la raison.
la connaissance par la raison.


Celle-ci a tous les caractères qui manquent à l’autre. Elle donne
Celle-ci a tous les caractères qui manquent à l’autre. Elle donne
la vérité; elle est réellement vraie, arevi ; elle est claire, légitime. Il
la vérité ; elle est réellement vraie, {{grec}} ; elle est claire, légitime. Il
n’y a de vrai que les atomes et le vide, et c’est la raison qui atteint
n’y a de vrai que les atomes et le vide, et c’est la raison qui atteint
ces deux réalités.
ces deux réalités.


Tout le monde ne comprend pas de cette façon l’opposition des
Tout le monde ne comprend pas de cette façon l’opposition des
deux connaissances chez Démocrite. D’après M. L. Liard (comme
deux connaissances chez Démocrite. D’après {{M.|L. Liard}} (comme
d’après nous, du reste), la pensée qu’admet Démocrite n’étant qu’un
d’après nous, du reste), la pensée qu’admet Démocrite n’étant qu’un
mouvement d’atomes, toute pensée est sensation. Mais il y a dans la
mouvement d’atomes, toute pensée est sensation. Mais il y a dans la
pensée autre chose que la sensation : et, d’après Démocrite, continue M. L. Liard, on doit distinguer dans la sensation deux éléments, la matière et la forme, « s’il est permis d’employer ces deux
pensée autre chose que la sensation : et, d’après Démocrite, continue {{M.|L. Liard}}, on doit distinguer dans la sensation deux éléments, la ''matière et la forme'', « s’il est permis d’employer ces deux
termes absolument inconnus à Démocrite, mais qui traduisent avec exactitude ce qu’il pensait. La forme est notre ouvrage; la matière
termes absolument inconnus à Démocrite, mais qui traduisent avec exactitude ce qu’il pensait. La forme est notre ouvrage ; la matière
est hors de nous 2 . »
est hors de nous<ref>L. Liard, ''de Democrito philosopho'', p. 49.</ref>. »


Nous avons essayé, nous aussi, très-sincèrement, de faire rentrer
Nous avons essayé, nous aussi, très-sincèrement, de faire rentrer la théorie de la connaissance de Démocrite dans le moule aristotélique dont les deux moitiés sont la forme et la matière. Les textes ne s’y sont pas prêtés. Sans doute, les sensations diverses, telles que le blanc et le noir, le froid et le chaud, le doux et l’amer, se contredisent si fréquemment et chez les différents individus et chez le même homme, selon le temps, le lieu, l’âge, que ce sont là, aux yeux de Démocrite, des impressions propres à chacun, par conséquent subjectives, par conséquent, si l’on veut, formelles. Mais est-ce en tant que formelles que Démocrite les oppose aux notions de la raison ? Non ; c’est en tant que contradictoires, dépourvues de vérité. En outre, l’équivalent de la forme et l’équivalent de la matière
la théorie de la connaissance de Démocrite dans le moule aristotélique dont les deux moitiés sont la forme et la matière. Les textes

ne s’y sont pas prêtés. Sans doute, les sensations diverses, telles que
1. Sextus Empir., ''Adv. Math''., VII, p. 399.
le blanc et le noir, le froid et le chaud, le doux et l’amer, se contredisent si fréquemment et chez les différents individus et chez le

même homme, selon le temps, le lieu, l’âge, que ce sont là, aux yeux
2. L. Liard, ''de Democrito philosopho'', p. 49.
de Démocrite, des impressions propres à chacun, par conséquent
subjectives, par conséquent, si l’on veut, ''formelles''. Mais est-ce en
tant que formelles que Démocrite les oppose aux notions de la
raison ? Non ; c’est en tant que contradictoires, dépourvues de vérité.
En outre, l’équivalent de la forme et l’équivalent de la matière