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du poète indigné, comme faisaient Vauquelin, Régnier et Boileau. Il n’y a guère qu’une strophe de la Prière pour le roi allant en Limousin qui rappelle Le ton de Juvénal : celle qui flétrit Henri III, et où « le soin de ses provinces » sent un peu son latin. Mais Malherbe s’est souvenu de Stace et de Martial, et de quelques autres encore.

Dans cette Thébaïde de Stace, que Vauquelin recommandait dans son Art Poétique, et que Corneille traduisit en vers[1], se trouvaient les idées et les images classiques que l’on a déjà vues à propos de Virgile : « Le rivage blême au deçà duquel on ne passe pas deux fois[2] » y figure[3] comme dans l’Énéide[4], comme chez Catulle, comme chez les Italiens et les Français de la renaissance ; les Pléiades redoutables aux mariniers[5] et le non moins redoutable Malée[6] s’y trouvent aussi, et se retrouvent chez Malherbe[7]. C’est peut-être aussi dans la Thébaïde[8] et dans les Sylves[9] que notre poète a appris à parler des « rives d’un fleuve où dorment les vents et les eaux[10] », et les arcana nemorum de Stace ont pu lui donner le goût du « silence des bois » où il fait vivre Diane, ou génir Aleandre, ou danser les Muses[11]. « La

  1. V.Marty-Lavaux, Études de l. française, p. 173-174
  2. Malh, I, 33.
  3. Théb, I, 92 : Tænariae limen petit irrencabile portae.
  4. Én., VI. 24.
  5. Théb., IX. 160-1
  6. Théb. VII, 16.
  7. Malh, I, 211-2.
  8. Théb. III. 255-6.
  9. Sylves, I. V, c. IV. v. 4-6.
  10. Malh., I, 211.
  11. Malh, 1, 118, 168, 210.