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— Tiens ! c’est vrai, reprit la nourrice avec un air de bonhomie, ces messieurs te remplacent ; je n’y pensais pas. Mais tu sais que le commandeur, n’ayant pas un penchant très-décidé pour les bals, ne sert pas souvent de cavalier à ta fille ; je crois même qu’il ne l’a jamais accompagnée.

— Mais l’autre, interrompit vivement M. de Canilly, est un fou, un diable, qui a déjà bien du mal à se conduire lui-même.

— C’est mon avis, répondit Marine ; mais je ne vois que lui qui, jusqu’ici, l’ait accompagnée.

— Je n’en savais rien, murmura le comte, amené tout doucement par la nourrice à ouvrir enfin les yeux et l’entendement aux choses sérieuses de sa maison ; il faudra que je parle à Casimire…

— Et que lui diras-tu ?

— Que je veux qu’elle n’aille nulle part avec le marquis de Courtenay, dont il m’est revenu des histoires fort peu édifiantes depuis notre séjour ici.

— Mais alors, s’ils cessent de se montrer ensemble, on dira dans le monde qu’il s’est passé, entre elle et lui, des choses qui ne sont pas.

— Que s’est-il passé ?

— Mais rien ! rien ! reprit Marine ; c’est une supposition ; je la fais uniquement pour te dire, monsieur le comte, qu’il n’est pas toujours prudent d’empêcher ce qu’on aurait dû défendre d’abord.

— Cela est profondément vrai en politique, reprit le comte, surpris, au plus beau moment d’une question de famille, par sa manie de mêler la politique à tout.

— Politique ou non, il n’importe, dit Marine. Toujours est-il vrai que M. le marquis est un fin pèlerin, dont les coquilles ne m’inspirent pas beaucoup de confiance.

— Est-ce qu’il y aurait quelque chose entre elle et lui ?… Te serais-tu aperçue ?…

— Mon Dieu ! non. Tantôt, monsieur le comte, tu n’allais