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autres, qui se porte par les cavaliers de maréchausséee, par les gardes-chasse, & par les employés des fermes, dans la partie des gabelles & du tabac.

L’article 19 du titre 18 de l’ordonnance des gabelles, ordonne que les archers des gabelles, seront tenus de porter des bandoulieres chargées des armes du roi ; c’est-à-dire, qu’elles doivent être en vue, de façon à faire connoître leurs qualités.



BANQUE. s. f. On n’entend pas parler ici du commerce d’argent, que signifie le mot banque, pris dans une acception générale, mais d’un établissement fait par tout gouvernement, pour former une caisse publique, dont la confiance dans la nation, est la base & le soutien.

Telles sont les banques de Venise, d’Amsterdam, de Londres, de Hambourg, & de plusieurs autres états de l’Europe. Il n’entre pas dans notre plan, de faire l’histoire de leur établissement, & de parler de leur constitution respective ; toutes ayant le même but, sont mues à-peu-près, par des ressorts semblables, & font les mêmes opérations ; la principale est d’avancer de l’argent à l’état, & au public sur des valeurs quelconques, ou de garder en dépôt, l’argent du public, pour le rendre à la premiere réquisition.

Voyez Caisse d’Escompte.

Nous nous arrêterons à considérer une banque nationale dans ses rapports avec les finances d’un royaume. Ses effets ont été vantés par plusieurs écrivains politiques, & représentés par d’autres comme un mal. Il faut faire connoître ces diverses opinions.

M. Melon, dans son Essai politique sur le commerce, chap. 6, dit : « La circulation des fonds est une des grandes richesses de nos voisins, (les Anglois) leur banque, leurs annuités, leurs actions, tout est commerce chez eux. Les fonds de notre compagnies seroient comme morts, dans le tems que ses vaisseaux les transportent d’une partie du monde dans l’autre ; si par la représentation des actions sur la place, ils n’avoient une seconde valeur réelle circulante, libre, non exigible, & par conséquent, non sujette aux inconvéniens d’une monnoie de crédit, & en ayant néanmoins les propriétés essentielles ».

M. Hume pense d’une maniere toute opposée. « Je ne connois point, (Discours politique, tome premier, page 208,) de méthode plus sûre, pour faire tomber l’argent au dessous de son niveau, que ces établissemens de banque, de fonds & de papiers de crédit, dont nous sommes si infatués dans ce royaume. Ces banques rendent le papier équivalent à l’argent, le font circuler dans tout l’état, lui font tenir lieu d’espèces, haussent en proportion le prix du travail & des jouissances, & par ce moyen, ou font sortir une grande partie d’or & d’argent, ou les empêchent de s’accroître davantage. Que nos raisonnemens montrent sur ce sujet, combien nous avons la vue courte ! Nous nous imaginons que, parce qu’un individu seroit beaucoup plus riche, si son fonds d’argent étoit doublé, le même effet avantageux arriveroit, si l’argent de chaque particulier augmentoit ; ne considérant pas que le prix de toute chose hausseroit d’autant, & réduiroit par-là, chacun avec le tems, à la même condition qu’auparavant ».

C’est seulement dans nos négociations puvliques, & dans nos engagemens avec les étrangers, qu’un plus grand fonds d’argent est avantageux. Comme là, nos papiers ne sont absolument d’aucune valeur, nous sentons alors, tous les mauvais effets que produit une grande abondance d’argent, sans en recueillir aucun des avantages.

Supposons qu’il existe douze millions en papiers circulans dans le royaume, & dix-huit en espèces réelles, ce royaume peut donc soutenir un fonds de trente millions ; s’il est en état de le soutenir, il l’eût acquis nécessairement en or & en argent, si l’entrée de ces métaux n’étoit arrêtée par cette nouvelle invention de papiers. D’où auroit-il tiré cette somme ? de tous les royaumes du monde. Mais pourquoi ? parce que, si vous ôtez ces douze millions, l’argent est, dans l’état, au dessous de son niveau, comparé avec nos voisins, & il faut qu’aussi-tôt nous tirions d’eux tous, jusqu’à ce que nous soyons pleins, & que, pour ainsi dire, nous n’en puissions plus tenir. Par notre sage politique, nous sommes si soigneux de farcir la nation de cette belle denrée de billets de banque & autres papiers, qu’il semble que nous ayons peur d’être surchargés d’or & d’argent.

Il n’est pas à douter que l’abondance de matiere en France, est en grande partie due au manque de papier de crédit. Les Français n’ont point de banque… Plusieurs citoyens ont des sommes considérables dans leurs coffres ; il y a beaucoup d’argenterie dans les maisons particulieres & dans les églises. Par ce moyen, les denrées & le travail sont encore à beaucoup meilleur marché parmi eux que chez des nations qui ne sont pas la moitié si riches en or & en argent. L’avantage de cette situation en fait de commerce, aussi bien que dans les cas de nécessité publiques, est trop évident pour être disputé.

Quel dommage que Licurgue n’ait pas pensé à l’établissement d’une banque & des papiers de crédit, lorsqu’il vouloit bannir l’or & l’argent de Sparte. Il eût mieux répondu à ses fins, que le fer, divisé en morceaux, qu’il mit en usage pour servir de monnoie. Cet établissement auroit aussi prévenu plus efficacement, tout commerce avec les étrangers, comme étant intrinséquement d’une valeur moins réelle.

Mais comme nos projets favoris de papiers de crédit sont pernicieux, étant presque le seul