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Ainsi dit Bouilhet, et Malherbe n’en pensait pas moins, s’il faut en juger d’après le début des Larmes de Saint Pierre :

Ce n’est pas en mes vers qu’une amante abusée…

Peut-être aurait-il moins souvent oublié cette profession de foi si les princes avaient moins bien payé ses vers d’amour.

Le bonheur, la joie de vivre ? Le cidre du pays peut bien faire flotter quelques vapeurs bachiques[1] dans les vaux-de-vire d’un Olivier Basselin ou d’un Jean Le Houx : mais les Normands sont si peu lyriques ! Puis ils savent que le bonheur est fugitif, et ils se souviennent — connaissant les proverbes anciens —

Est toujours à la fiqu’un déplaisir extrême
Est toujours à la fin d’un extrême plaisir[2].

La tristesse, la douleur, et ces chants désespérés qui en d’autres temps seront les plus beaux ?

Mais en un accident qui n’a point de remède
Il n’en faut point chercher[3].

Tous ces grands cris, c’est bon pour « Musset, le poète des tout jeunes gens[4] ». Mais ne les demandez ni à Malherbe ni à Corneille :

Leurs âmes à tous deux, d’elles-mêmes maîtresses,
Sont d’un ordre trop haut pour de telles bassesses[5].

  1. Déjà un Anglo-Normand du XIIe célébrait la cervoise (v. Romania, XXI, p. 260-262).
  2. Malherbe, I, 134. cf. Corneille, Le Cid, I, i :

    Et dans ce grand bonheur je crains un grand revers.

  3. Malherbe, Consolation à du Perier.
  4. Maupassant, Fort comme la mort (8e éd.), p. 252.
  5. Corneille, Polyeucte, III, i.