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la Montagne au double sommet » de donner l’immortalité au duc de Bellegarde : il veut mieux dire « qu’un cygne près de sa mort » ; il ne doute pas de sa supériorité sur « les cygnes qu’aura la Seine » ; il est du petit nombre de ceux à qui Apollon réserve une verdeur immortelle, et il entonne avec un air de confiance inspirée son Exegi monumentum[1] :
Ce que Malherbe écrit dure éternellement.
Et il réclame l’éternité non seulement pour ce qu’il écrit, mais encore pour ce qu’il dit des écrits des autres :
Et puisque Malherbe le dit,
Cela sera sans contredit.
Car c’est un très juste présage[2].
La Parque, Amphion, l’amarante et les cygnes diraient assez, s’il en était besoin, d’où viennent toutes ces déclarations de Malherbe : elles répètent, encore une fois, les paroles de tous les poètes antiques. Cette confiance dans le métier des vers est un signe très sûr de l’influence antique : elle éclate avec la Renaissance[3], où « chacun, comme dit Estienne Pasquier, se promettait une immortalité de nom par ses œuvres », et Ronsard disait exactement à sa dame ce que Malherbe dira à son roi :
- ↑ Horace, Odes, III, XXX, 1. Ovide, Metam., Epil. — Vauquelin parlait dans son Art poétique, I (éd. Genty, p. 14) de
La couronne aux savants de verdoyant laurier,
Signe que la verdeur d’immortelle durée
Aura contre le temps une force asseurée. - ↑ Malh., I, 289.
- ↑ Voy. Burckhardt, Die Kultur der Renaissance in Italien 7o éd. (1899), t. I, p. 162-165. En France, on trouve une déclaration de l’espèce à la fin du XIIe siècle, dans le début du Roman de Thèbes (éd. des Anciens textes).