« Page:Caillaud - Normandie, Poitou et Canada français, 1945.pdf/84 » : différence entre les versions

(Aucune différence)

Version du 25 novembre 2020 à 19:48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gallery, sous la direction de Baptiste Durand qui a déjà fait pareil voyage cinq fois sans encombre. Mais il faut promettre, au départ, de livrer son âme au Diable si, au cours de la randonnée, on prononce le nom de Dieu ou on heurte avec le canot une croix ou un clocher d’église. Tout se passe très bien à l’aller. Les rameurs fendent l’air de leurs avirons à une vitesse folle, aiguillonnés par les rires, les lazzis et les chants, parmi lesquels revient souvent le refrain cabalistique « Acabris ! Acabras ! Acabram ! » Malheureusement Baptiste Durand ne peut résister, à Lavaltrie, à la tentation qu’exerce sur lui la dive bouteille. Il boit trop, si bien qu’il perd le contrôle de lui-même et du canot. Il en résulte une chute dans la neige au flanc du Mont-Royal. Ses compagnons décident de le ligoter et de le bâillonner. Ils le placent en cet état au fond du canot. Remontés à bord, ils réussissent à repartir et à reprendre les airs. Par malchance pour eux, Baptiste parvient à se débarrasser de ses liens et de son bâillon. Furieux, il crie, tempête, gesticule ; il jure, sans toutefois prononcer le nom de Dieu. Mais il fait tant et si bien que le moment arrive où le canot heurte la cime d’un gigantesque sapin et fait une culbute finale non loin du chantier de la Gatineau. C’est dans un épais banc de neige qu’on découvre, endormis, tous les voyageurs de la Chasse-Gallery qui s’en