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écrira aussi des vers pour être lus dans les ruelles des dames, il fréquentera l’hôtel de Rambouillet et chantera Arthénice sous le nom de Rodanthe. Il se pliait ainsi au goût des divers mondes qui faisaient le goût français ; celui des précieuses était bien préparé pour le policer - il en avait besoin — et aussi pour lui donner le goût de la poésie amoureuse à la façon des Italiens ; c’est en effet quand il fréquente l’hôtel de Rambouillet qu’il admire aussi l’Aminte au plus haut point.

Enfin ses relations avec le savant Peiresc, ce prince de l’érudition du temps, étaient de nature à tempérer son dédain de l’érudition : et nous le voyons en effet, dans ses lettres à Peiresc, s’intéresser au déchiffrement d’une inscription latine ou de monnaies antiques, ou à des vers latins de Sirmond. De toutes parts il reçoit quelque apport, et c’est pour son plus grand profit ; car, un grand classique l’a expliqué, « quand il y a peu de société, l’esprit est rétréci, sa pointe s’émousse, il n’y a pas de quoi se former le goût[1] ».

M. Lanson a dit de Balzac : « Retiré au fond de sa province, il ne se renouvelle pas par le commerce des hommes, et de son fonds il est sec[2] ». Malherbe aussi de son fonds était sec ; mais il a eu l’avantage de se renouveler par le commerce d’hommes instruits et éclairés, et d’une société polie et soucieuse de beau langage II s’est renouvelé en outre, ou plutôt transformé, par le commerce des écrivains et des poètes ; et, s’il se contredit si souvent, l’une des causes en est que les influences diverses qu’il a subies ne se sont pas toujours parfaitement conciliées.

  1. Voltaire, Dictionnaire philosophique, art. Goût.
  2. Histoire de la littérature française (8e éd. 1903), p. 389.