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CHAPITRE VII

Sources françaises[1]

Les réformateurs ont généralement commencé par suivre les modes et le goût qu’ils devaient changer : Ronsard a admiré Marot et Saint-Gelais[2] ; et Victor Hugo, quand il débute, est plus près des « Grecs » que des « gothiques ». Malherbe aussi a commencé non seulement par pétrarquiser, mais aussi par ronsardiser, comme il disait ; et il a continué à le faire plus ou moins jusqu’à la fin. Il est si difficile de se dégager de ses premières habitudes et de ses vieux souvenirs que l’écrivain se ressent fatalement de sa jeunesse et de ses études pendant toute sa vie ; et la poésie à cet égard est un peu comme la langue elle-même, qui charrie les anciens mots avec les nouveaux et ne se transforme que par le lent travail du temps. Nous avons vu Malherbe imiter les anciens et les Italiens comme avait fait le XVIe siècle, parfois en y ajoutant une généralisation ou même une nationalisation des pensées et des images antiques. Les deux générations d’imitateurs se ressemblent assez pour que la première ait cru réaliser ce dont on fera plus tard le mérite de Malherbe seul. Du Bellay,

  1. Ce chapitre a déjà paru, sauf un détail ou deux, dans la Revue d’histoire littéraire de la France, oct.-déc. 1903.
  2. Il a d’ailleurs utilisé jusqu’à la fin les œuvres de ses prédécesseurs français (voy. H. Guy, Les sources françaises de Ronsard, dans la Revue d’histoire littéraire de la France, 1902).