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zélé dans l’orthodoxie, comme la plupart des Allemands ,1
zélé dans l’orthodoxie, comme la plupart des Allemands qui sont fonctionnaires en Russie ; de telle façon que le greffier, sans compter qu’il guettait sa place, avait encore contre lui une antipathie personnelle.

qui sont fonctionnaires en Russie ; de telle façon que le ’
— Et l’affaire des ''Skoptsy'' ? — demanda le greffier.
greffier, sans compter qu’il guettait sa place, avait

encore contre lui une antipathie personnelle. ’
— J’ai déclaré que c’était impossible en l’absence de témoins, — répondit le substitut. — Je le répéterai au
— Et l’affaire des Skoptsy ? — demanda le greffier. V
— J’ai déclaré que c’était impossible en l’absence ’
de témoins, —- répondit le substitut. — Je le répéterai au
tribunal.
tribunal.

— Qu’est-ce que cela fait ? ’,
— Qu’est-ce que cela fait ?
—— Impossible ! -— dit encore le substitut. Et, agitant _

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Impossible ! — dit encore le substitut. Et, agitant le bras, il courut à son cabinet.
Il ajournait cette affaire des Skoptsy, non point ai cause

de 1’absence de quelques témoins insignifiants, mais .
Il ajournait cette affaire des ''Skoptsy'', non point à cause de 1’absence de quelques témoins insignifiants, mais parce que cette affaire, si on la jugeait dans une grande ville, où la plupart des jurés appartenaient aux classes instruites, risquait de se terminer par un acquittement ; aussi s’était-il entendu avec le président pour que l’affaire fût déférée aux assises d’une petite ville, où le jury serait en majorité formé de paysans, et où, par suite, la condamnation serait plus facile à obtenir.
parce que cette affaire, si on la jugeait dans une grande ,

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4 instruites, risquait de se terminer par un acquittement ;
aussi s’était-il entendu avec le president pour que l’affaire _
fût déférée aux assises d’une petite ville, où le jury ,
serait en majorité formé de paysans, et où, par suite, la Q
condamnation serait plus facile à obtenir. ·
Cependant le mouvement dans le corridor avait encore
Cependant le mouvement dans le corridor avait encore
grandi La foule s’amassait surtout devant la salle du
grandi. La foule s’amassait surtout devant la salle du
tribunal civil, où s’était jugée une de ces affaires dont on a coutume de dire qu’elles sont « intéressantes », celle-là même dont parlait avec tant de compétence, dans la salle des jurés, le personnage représentatif. Sans ombre de raison ni de droit moral, mais d’une façon strictement légale, un homme de loi avisé s’était emparé de toute la fortune d’une vieille dame. La plainte de la vieille dame était absolument juste. Les juges le savaient, et plus encore le savaient l’homme de loi et son avocat : mais cet avocat avait imaginé une procédure si adroite que la vieille femme devait fatalement perdre son procès.
tribunal civil, où s’était jugée une de ces affaires dont on

a coutume de dire qu’elles sont « intéressantes », celle-la _
Au moment où le greffier allait entrer dans le bureau de la chancellerie, il vit précisément passer devant lui, dans le corridor, la vieille dame qui venait d’être, en bonne forme, dépouillée de sa fortune. C’était une grosse femme, avec d’énormes fleurs sur son chapeau. Elle sortait de la salle d’audience et, étendant puis ramenant
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bonne forme, dépouillée de sa fortune. C’était une grosse
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