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FRIQUETTES ET FRIQUETS

les rues comme à l’époque, hélas ! lointaine, où Monselet, doux noctambule, m’appelait en ses rimes légères « compagnon des soirs étoilés ».

Devant un étrange logis, à la fois provocant et mystérieux — mystérieux par ses volets clos et l’hermétique fermeture de sa lourde porte à judas, provocant par l’énorme lanterne dont le vitrail illuminé violemment sabrait la nuit d’un long jet rouge, — une mélodie m’arrêta.

Mélodie surprenante en un pareil lieu, pareille à celle que les vieux pâtres, de leurs doigts raidis, rossignolent les jours de foire, en choisissant, avec quel soin ! un humble flûter de trois sous, et dont les accords ingénus évoquèrent tout de suite pour moi l’image d’un vallon solitaire et rocheux où le trille des oisillons alterne au fort de la chaleur avec le tintement mélancolique des sonnailles.

C’était un cocher qui, assis sur son siège, pendant que Cocotte, la musette au bec, broyait l’avoine, s’escrimait ainsi dans la nuit.