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de la connaissance

plaisir des hommes, ce qui est parler d’une manière bien étrange. On attribue même la vérité à Dieu, que vous m’avouerez, je crois, de n’avoir point besoin de signes. Enfin je me suis déjà étonné plus d’une fois de l’humeur de vos amis, qui se plaisent à rendre les essences, espèces, vérités nominales.

Ph. N’allez point trop vite. Sous les signes ils comprennent les idées. Ainsi les vérités seront ou mentales ou nominales, selon les espèces des signes.

Th. Nous aurons donc encore des vérités littérales, qu’on pourra distinguer en vérités de papier ou de parchemin, de noir d’encre ordinaire ou d’encre d’imprimerie, s’il faut distinguer les vérités par les signes. Il vaut donc mieux placer les vérités dans le rapport entre les objets des idées, qui fait que l’une est comprise ou non comprise dans l’autre. Cela ne dépend point des langues, et nous est commun avec Dieu et les anges ; et, lorsque Dieu nous manifeste une vérité, nous acquérons celle qui est dans son entendement, car quoiqu’il y ait une différence infinie entre ses idées et les nôtres, quant à la perfection et à l’étendue, il est toujours vrai qu’on convient dans le même rapport. C’est donc dans ce rapport qu’on doit placer la vérité, et nous pouvons distinguer entre les vérités qui sont indépendantes de notre bon plaisir, et entre les expressions que nous inventons comme bon nous semble.

§ 3. Ph. Il n’est que trop vrai que les hommes, même dans leur esprit, mettent les mots à la place des choses, surtout quand les idées sont complexes et indéterminées. Mais il est vrai aussi, comme vous l’avez observé, qu’alors l’esprit se contente de marquer seulement la vérité sans l’entendre pour le présent, dans la persuasion où il est qu’il dépend de lui de l’entendre quand il voudra. Au reste, l’action qu’on exerce en affirmant ou en niant est plus facile à concevoir en réfléchissant sur ce qui se passe en nous, qu’il n’est aisé de l’expliquer par paroles. C’est pourquoi ne trouvez point mauvais qu’au défaut de mieux on a parlé de joindre ensemble ou de séparer. § 8. Vous accorderez aussi que les propositions au moins peuvent être appelées verbales, et que lorsqu’elles sont vraies, elles sont et verbales et encore réelles, car § 9, la fausseté consiste à joindre les noms autrement que leurs idées ne conviennent ou disconviennent. Au moins § 10, les mots sont de grands véhicules de la vérité. § 11. Il y a aussi une vérité morale, qui consiste à parler des choses selon la persuasion de notre esprit ; il y a enfin une vérité mélaphy-