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de la connaissance

intelligibles ont leurs archétypes dans la possibilité éternelle des choses.

§ 5. Ph. Il est vrai que nos idées composées n’ont besoin d’archétypes hors de l’esprit que lorsqu’il s’agit d’une substance existante qui doit unir effectivement hors de nous les idées simples dont elles sont composées. La connaissance des vérités mathématiques est réelle, quoiqu’elle ne roule que sur nos idées et qu’on ne trouve nulle part des cercles exacts. Cependant on est assuré que les choses existantes conviendront avec nos archétypes, à mesure que ce qu’on y suppose se trouve existant. § 7. Ce qui sert encore à justifier la réalité des choses morales. § 8. Et les Offices de Cicéron n’en sont pas moins conformes à la vérité parce qu’il n’y a personne dans le monde qui règle sa vie exactement sur le modèle d’un homme de bien tel que Cicéron nous l’a dépeint. § 9. Mais, dira-t-on, si les idées morales sont de notre invention, quelle étrange notion aurons-nous de la justice et de la tempérance ? § 10. Je réponds que l’incertitude ne sera que dans le langage, parce qu’on n’entend pas toujours ce qu’on dit, ou on ne l’entend pas toujours de même.

Th. Vous pouviez répondre encore, Monsieur, et bien mieux à mon avis, que les idées de la justice et de la tempérance ne sont pas de notre invention, non plus que celles du cercle et du carré. Je crois l’avoir assez montré.

§ 11. Ph. Pour ce qui est des idées de substances qui existent hors de nous, notre connaissance est réelle autant qu’elle est conforme à ces archétypes : et à cet égard l’esprit ne doit point combiner les idées arbitrairement, d’autant plus qu’il y a fort peu d’idées simples dont nous puissions assurer qu’elles peuvent ou ne peuvent pas exister ensemble dans la nature au delà de ce qui parait par des observations sensibles.

Th. C’est, comme j’ai dit plus d’une fois, parce que ces idées, quand la raison ne saurait juger de leur compatibilité ou connexion, sont confuses, comme sont celles des qualités particulières des sens.

§ 13. Ph. Il est bon encore à l’égard des substances existantes de ne se point borner aux noms ou aux espèces qu’on suppose établies par les noms. Cela me fait revenir à ce que nous avons discuté assez souvent à l’égard de la définition de l’homme. Car, parlant d’un innocent qui a vécu quarante ans sans donner le moindre signe de raison, ne pourrait-on point dire qu’il tient le milieu entre l’homme et la bête ? cela passerait peut-être pour un paradoxe bien hardi, ou