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Hébreu et grec...
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ABAWI. s. m. Nom que les Éthiopiens donnent au Nil.
ABAWI. s. m. Nom que les Éthiopiens donnent au Nil.


☞ ABAWIWAR, & ABANVIVAR. Contrée de lahaute Hongrie, avec titre de Comté, sur les frontières de Pologne. Cassovie en est la Capitale. Il y a dans cette Province un château de même nom, à quatre milles d’Allemagne, de Cassovie.
☞ ABAWIWAR, & ABANVIVAR. Contrée de la haute Hongrie, avec titre de Comté, sur les frontières de Pologne. Cassovie en est la Capitale. Il y a dans cette Province un château de même nom, à quatre milles d’Allemagne, de Cassovie.


☞ ABAYANCE, s. f. ''Voyez'' {{sc|Abeyance}}.
☞ ABAYANCE, s. f. ''Voyez'' {{sc|Abeyance}}.
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ABBADAN. ''Voyez'' {{sc|Abadan}}.
ABBADAN. ''Voyez'' {{sc|Abadan}}.


ABBASSIDE. s. m. ''Abbassidus, Abbassida, ex Abbassi familiâ''. C’est le nom d’une famille qui a donne plusieurs Califes aux Arabes. Elle est ainsi nommée
ABBASSIDE. s. m. ''Abbassidus, Abbassida, ex Abbassi familiâ''. C’est le nom d’une famille qui a donne plusieurs Califes aux Arabes. Elle est ainsi nommée d''’Abbas'', oncle de Mahomet, duquel ils descendoient. Ce fut la centième année de l’Hégire, que Mahomet, arrière-petit-fils d’Abbas, commença à publier ses prétentions sur le Califat. La Maison des ''Abbassides'' a donné trente-sept Califes à l’Egypte, depuis l’an 130 de l’Hégire, jusqu’en l’an 656, pendant le cours de 523 années Arabiques, ou lunaires, deux mois & 23 jours. ''Voyez'' {{sc|Herbelot}}.
d''’Abbas'', oncle de Mahomet, duquel ils descendoient. Ce fut la centième année de l’Hégire, que Mahomet, arrière-petit-fils d’Abbas, commença à publier ses prétentions sur le Califat. La Maison des ''Abbassides'' a donné trente-sept Califes à l’Egypte, depuis l’an 130 de l’Hégire, jusqu’en l’an 656, pendant le cours de 523 années Arabiques, ou lunaires, deux mois & 23 jours. ''Voyez'' {{sc|Herbelot}}.


ABBATIAL, ALE. adj. ''Abbatialis'' Qui appartient à l’Abbé, qui concerne l’abbé, l’Abbesse, ou l’Abbaye. Palais ''abbatial''. Dignité ''abbatiale''. Mense ''abbatiale''.
ABBATIAL, ALE. adj. ''{{lang|la|Abbatialis}}'' Qui appartient à l’Abbé, qui concerne l’abbé, l’Abbesse, ou l’Abbaye. Palais ''abbatial''. Dignité ''abbatiale''. Mense ''abbatiale''.


ABBAYE. s. f. ''Abbatia''. Monastère érigé en Prélature, ou Maison de Religieux ou Religieuses, régie par un Abbé ou par une Abbesse. Les ''Abbayes'' sont d’ancienne fondation, comme les Abbayes de Cluny, de saint Denis, de sainte Geneviève, &c. Les François fondèrent autrefois des Abbayes, sans qu’il leur en coûtât beaucoup : on cédoit à des Moines autant de terres incultes qu’ils pouvoient en mettre en valeur. Ils travailloient à dessécher, à défricher, à bâtir, à planter, moins pour être plus à leur aise, que pour en soulager les pauvres. Ces lieux arides & déserts devinrent agréables & fertiles. Il y avoit des Abbés si riches, qu’ils pouvoient mettre une petite armée sur pied : ce qui fit qu’on les invita aux assemblées du Champ de Mars, & aux Cours plénières. {{sc|Le Gendre}}. Il y a des ''Abbayes'' en Commende; d’autres ''Abbayes'' régulières ou en règle; d’autres qui sont sécularisées, possédées par des Chanoines séculiers. Les Abbayes sont des Bénéfices consistoriaux ; il n’y a que le Roi qui y nomme.
ABBAYE. s. f. ''{{lang|la|Abbatia}}''. Monastère érigé en Prélature, ou Maison de Religieux ou Religieuses, régie par un Abbé ou par une Abbesse. Les ''Abbayes'' sont d’ancienne fondation, comme les Abbayes de Cluny, de saint Denis, de sainte Geneviève, &c. Les François fondèrent autrefois des Abbayes, sans qu’il leur en coûtât beaucoup : on cédoit à des Moines autant de terres incultes qu’ils pouvoient en mettre en valeur. Ils travailloient à dessécher, à défricher, à bâtir, à planter, moins pour être plus à leur aise, que pour en soulager les pauvres. Ces lieux arides & déserts devinrent agréables & fertiles. Il y avoit des Abbés si riches, qu’ils pouvoient mettre une petite armée sur pied : ce qui fit qu’on les invita aux assemblées du Champ de Mars, & aux Cours plénières. {{sc|Le Gendre}}. Il y a des ''Abbayes'' en Commende; d’autres ''Abbayes'' régulières ou en règle; d’autres qui sont sécularisées, possédées par des Chanoines séculiers. Les Abbayes sont des Bénéfices consistoriaux ; il n’y a que le Roi qui y nomme.


{{sc|Abbaye}}, se prend quelquefois pour un composé des Religieux & de l’Abbé. Voilà une ''Abbaye'' bien réglée, où l’Abbé vit comme un simple Moine.
{{sc|Abbaye}}, se prend quelquefois pour un composé des Religieux & de l’Abbé. Voilà une ''Abbaye'' bien réglée, où l’Abbé vit comme un simple Moine.
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{{sc|Abbaye}}, se prend aussi pour un Bénéfice, & pour le revenu dont jouissent les Abbés. Il a obtenu pour son fils une ''Abbaye'' de dix mille livres de rente. Henri de Coilli ayant été élu Archevêque d’York en 1141, Innocent II ne voulut point qu’il fût Archevêque, s’il ne renonçoit à l''’Abbaye''. {{sc|Fleury}}.
{{sc|Abbaye}}, se prend aussi pour un Bénéfice, & pour le revenu dont jouissent les Abbés. Il a obtenu pour son fils une ''Abbaye'' de dix mille livres de rente. Henri de Coilli ayant été élu Archevêque d’York en 1141, Innocent II ne voulut point qu’il fût Archevêque, s’il ne renonçoit à l''’Abbaye''. {{sc|Fleury}}.


Quoiqu’il y ait eu autrefois des laïcs qui ont joui du revenu des ''Abbayes'', on ne doit pas pour cela leur
Quoiqu’il y ait eu autrefois des laïcs qui ont joui du revenu des ''Abbayes'', on ne doit pas pour cela leur donner le nom d’Abbé ; car ç’a été dans des temps de désordre & de nécessité, que les Princes donnèrent ces ''Abbayes'' à des Seigneurs de leur Cour, pour soutenir les dépenses de la guerre. Charles-Martel est le premier qui l’ait fait.
donner le nom d’Abbé ; car ç’a été dans des temps de désordre & de nécessité, que les Princes donnèrent ces ''Abbayes'' à des Seigneurs de leur Cour, pour soutenir les dépenses de la guerre. Charles-Martel est le premier qui l’ait fait.


Toutes les ''Abbayes'' de France, à la réserve de celles qui sont Chefs d’Ordre, comme Cluny, Citeaux, &c. sont à la nomination du Roi. On doit joindre à celles-là les quatre filles de Cîteaux, qui sont saint Edme de Pontigny, la Ferté, Clairvaux & Morimont, qui ont aussi conservé le droit d’élection. Il en est de même des ''Abbayes'' de Flandre & d’Artois, qui sont régulières & électives, confirmatives par les ordinaires ou par les Chefs d’Ordre. Les Religieux de ces ''Abbayes'' présentent trois sujets au Roi, qui en nomme un, que confirme ensuite l’Evêque ou le Chef d’Ordre qui en a le droit.
Toutes les ''Abbayes'' de France, à la réserve de celles qui sont Chefs d’Ordre, comme Cluny, Citeaux, &c. sont à la nomination du Roi. On doit joindre à celles-là les quatre filles de Cîteaux, qui sont saint Edme de Pontigny, la Ferté, Clairvaux & Morimont, qui ont aussi conservé le droit d’élection. Il en est de même des ''Abbayes'' de Flandre & d’Artois, qui sont régulières & électives, confirmatives par les ordinaires ou par les Chefs d’Ordre. Les Religieux de ces ''Abbayes'' présentent trois sujets au Roi, qui en nomme un, que confirme ensuite l’Evêque ou le Chef d’Ordre qui en a le droit.
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A l’égard des cinq ''Abbayes'' qu’on nomme de Chézal-Benoît, savoir Chézal-Benoit en Berri, saint Sulpice de Bourges, saint Alire de Clermont, saint Vincent du Mans, & saint Martin de Séez, qui étoient à l’élection de l’Ordre de Saint Benoît tous les trois ans ; la question vient d’être jugée solennellement à la Grand’Chambre du Parlement. Aujourd’hui le Roi dispose de ces ''Abbayes'' comme de toutes les autres ''Abbayes'' de son Royaume.
A l’égard des cinq ''Abbayes'' qu’on nomme de Chézal-Benoît, savoir Chézal-Benoit en Berri, saint Sulpice de Bourges, saint Alire de Clermont, saint Vincent du Mans, & saint Martin de Séez, qui étoient à l’élection de l’Ordre de Saint Benoît tous les trois ans ; la question vient d’être jugée solennellement à la Grand’Chambre du Parlement. Aujourd’hui le Roi dispose de ces ''Abbayes'' comme de toutes les autres ''Abbayes'' de son Royaume.


Comme le Roi n’a son droit de nomination qu’en vertu du Concordat fait entre Léon X. & François I. il y a eu quelques difficultés sur les ''Abbayes'' de Filles, parce qu’elles ne sont point comprises dans le Concordat. Il y a même un Article de l’Ordonnance d’Orléans, qui porte que les Abbesses seront élues par les Religieuses des Monastères, & même qu’elles ne seront que triennales. Mais cette Ordonnance n’a point été exécutée. Le Roi nomme également aux ''Abbayes''
Comme le Roi n’a son droit de nomination qu’en vertu du Concordat fait entre Léon X. & François I. il y a eu quelques difficultés sur les ''Abbayes'' de Filles, parce qu’elles ne sont point comprises dans le Concordat. Il y a même un Article de l’Ordonnance d’Orléans, qui porte que les Abbesses seront élues par les Religieuses des Monastères, & même qu’elles ne seront que triennales. Mais cette Ordonnance n’a point été exécutée. Le Roi nomme également aux ''Abbayes'' de filles & à celles d’hommes. Il a cependant toujours eu des disputes sur les ''Abbayes'' de l’Ordre de sainte Claire, qu’on prétend être à l’élection triennale des Religieuses.
de filles & à celles d’hommes. Il a cependant toujours eu des disputes sur les ''Abbayes'' de l’Ordre de sainte Claire, qu’on prétend être à l’élection triennale des Religieuses.


On dit proverbialement, Pour un Moine l''’Abbaye'' ne faut pas ; pour dire, que faute d’une personne qui ne se trouve pas dans une assemblée, on ne laisse pas de se réjouir, ou d’exécuter ce qui a été résolu.
On dit proverbialement, Pour un Moine l''’Abbaye'' ne faut pas ; pour dire, que faute d’une personne qui ne se trouve pas dans une assemblée, on ne laisse pas de se réjouir, ou d’exécuter ce qui a été résolu.


ABBÉ. Ce nom, dans sa première origine, qui est Hébraïque, signifie ''Pere''. Car les Hébreux appellent ''Pere'' en leur langue, ''Ab'' ; d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait ''Abba'', & de ''Abba'', les Grecs ont formé ἀββας, que les Latins ont conservé ; & c’est de là qu’est venu le nom d''’Abbé'' en notre langue. Saint Marc & saint Paul ont gardé le mot Syriac ou Chaldaïque, ''Abba'', pour dire ''Pere'' parce qu’il étoit alors commun dans les Synagogues & dans les premières Assemblées des Chrétiens ; mais ils l’ont interprété en ajoutant le mot ''Pere''. C’est pourquoi ''Abba Pater'', au ch. 14. de saint Marc, v. 36. ne signifie pas ''Mon Pere, mon Pere'', comme il y a dans la version de Mons, & dans celle des Jésuites de Paris. Il est mieux de traduire avec le Pere Amelotte, ''Abba, mon Père'' ; ou plutôt avec M. Simon, ''Abba'', c’est-à-dire, ''mon Pere''. Tel est le sentiment de M. Simon, & de quelques autres Interprètes avant lui, comme Emmanuel Sa, Béze & Lightfoot. Leur raison est qu’il y a dans le Grec Ἀββἆ ὀ πατερ, & non pas ὦ πάτερ. Mais d’autres
ABBÉ. Ce nom, dans sa première origine, qui est Hébraïque, signifie ''Pere''. Car les Hébreux appellent ''Pere'' en leur langue, ''Ab'' ; d’où les Chaldéens & les Syriens ont fait ''Abba'', & de ''Abba'', les Grecs ont formé {{lang|grc|ἀββας}}, que les Latins ont conservé ; & c’est de là qu’est venu le nom d''’Abbé'' en notre langue. Saint Marc & saint Paul ont gardé le mot Syriac ou Chaldaïque, ''Abba'', pour dire ''Pere'' parce qu’il étoit alors commun dans les Synagogues & dans les premières Assemblées des Chrétiens ; mais ils l’ont interprété en ajoutant le mot ''Pere''. C’est pourquoi '' {{lang|la|Abba Pater}}'', au ch. 14. de saint Marc, v. 36. ne signifie pas ''Mon Pere, mon Pere'', comme il y a dans la version de Mons, & dans celle des Jésuites de Paris. Il est mieux de traduire avec le Pere Amelotte, ''Abba, mon Père'' ; ou plutôt avec M. Simon, ''Abba'', c’est-à-dire, ''mon Pere''. Tel est le sentiment de M. Simon, & de quelques autres Interprètes avant lui, comme Emmanuel Sa, Béze & Lightfoot. Leur raison est qu’il y a dans le Grec {{lang|grc|Ἀββἆ ὀ πατερ}}, & non pas {{lang|grc|ὦ πάτερ}}. Mais d’autres Interprètes, non moins habiles, tels que sont Mariada, Luc de Bruges, Cornelius à Lapide, Grotius, Louis Capell, &c. prétendent que cette répétition marque l’affection & la ferveur avec laquelle {{sc|Jesus-Christ}} prioit. L’Interprète Syriac a été dans ce sentiment, quand il a traduit {{lang|he|אבא אבי}}, ''Pere ! mon Pere!'' lui qui n’avoit pas besoin d’interpréter, ou d’expliquer le mot Syriac ''Abba''. Très-vraisemblablement c’étoit aussi la pensée de l’Interprète Arabe, lorsqu’au lieu de [??], dont il s’est servi en S. Matthieu, Chapitre XXVI, vers. 39 ; & en S. Luc, Chap. XXII, vers. 42, où il n’y a que ''Pater'', ou ''Pater mi'' ; en S. Marc, où il y a ''Abba Pater'', il a employé {{lang|he|איהא}}, interjection plus forte & plus propre à faire sentir avec combien d’ardeur & d’empressement J. C. prioit. La version Éthiopienne suppose aussi que J. C. dit ces mots ; car elle traduit ''Wajaba, Aba waabouy''. Et il dit, ''Pere ! & Mon Pere!'' D’ailleurs, dans les explications ou interprétations des mots, l’Ecriture met toujours {{lang|grc|ὁ ἐσί}}, ou bien {{lang|grc|ὁ ἐσί,μεσθερμηνυόμενον}} ; c’est-à dire, ou ''ce qui s’interprète'' ; & non pas simplement comme ici. ''Voyez'' {{sc|Math. I. 23. Marc, V. 41. XV. 22, 34. Jean, I. 39, 42, 43. IX. 7. Act. IV. 36. IX. 36}}. Après tout, dans une version je mettrois, ''Abba, mon Pere !'' Déterminer si c’est là l’explication ou non, c’est le fait du Commentateur, & non du Traducteur. Quoique
Interprètes, non moins habiles, tels que sont Mariada, Luc de Bruges, Cornelius à Lapide, Grotius, Louis Capell, &c. prétendent que cette répétition marque l’affection & la ferveur avec laquelle {{sc|Jesus-Christ}} prioit. L’Interprète Syriac a été dans ce sentiment, quand il a traduit {{He|אבא אבי}}, ''Pere ! mon Pere!'' lui qui n’avoit pas besoin d’interpréter, ou d’expliquer le mot Syriac ''Abba''. Très-vraisemblablement c’étoit aussi la pensée de l’Interprète Arabe, lorsqu’au lieu de [??], dont il s’est servi en S. Matthieu, Chapitre XXVI, vers. 39 ; & en S. Luc, Chap. XXII, vers. 42, où il n’y a que ''Pater'', ou ''Pater mi'' ; en S. Marc, où il y a ''Abba Pater'', il a employé {{He|איהא}}, interjection plus forte & plus propre à faire sentir avec combien d’ardeur & d’empressement J. C. prioit. La version Éthiopienne suppose aussi que J. C. dit ces mots ; car elle traduit ''Wajaba, Aba waabouy''. Et il dit, ''Pere ! & Mon Pere!'' D’ailleurs, dans les explications ou interprétations des mots, l’Ecriture met toujours ὁ ἐσί, ou bien ὁ ἐσί,μεσθερμηνυόμενον ; c’est-à dire, ou ''ce qui s’interprète'' ; & non pas simplement comme ici. ''Voyez'' {{sc|Math. I. 23. Marc, V. 41. XV. 22, 34. Jean, I. 39, 42, 43. IX. 7. Act. IV. 36. IX. 36}}. Après tout, dans une version je mettrois, ''Abba, mon Pere !'' Déterminer si c’est là l’explication ou non, c’est le fait du Commentateur, & non du Traducteur. Quoique