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{{tiret2|Wolf|ram}} prononce le nom d’Élisabeth, exorcisme suprême :
{{tiret2|Wolf|ram}} prononce le nom d’Élisabeth, exorcisme suprême :
Ta^h^^er demeure sur place comme foudroyé. Et voici
Tannhaeuser demeure sur place comme foudroyé. Et voici
qu’un chœur d’hommes s’élève au loin pour célébrer la déli­
qu’un chœur d’hommes s’élève au loin pour célébrer la délivrance
vrance de la Sainte. Le mirage envoûtant s’efface avec les
de la Sainte. Le mirage envoûtant s’efface avec les
brumes et fait place à un cortège funèbre. On ramène le
brumes et fait place à un cortège funèbre. On ramène le
corps de la Bienheureuse aux pieds de celui qu’elle a sauvé
corps de la Bienheureuse aux pieds de celui qu’elle a sauvé
par i son sacrifice volontaire. Puis Taoohacuaer à son tour
par son sacrifice volontaire. Puis Tannhaeuser à son tour
expire au moment que sa douleur et son repentir lui assurent
expire au moment que sa douleur et son repentir lui assurent
le divin pardon ; et son bâton de pèlerin, que le Pape a
le divin pardon ; et son bâton de pèlerin, que le Pape a
damné, refleurit dans le miracle printanier de la foi.
damné, refleurit dans le miracle printanier de la foi.

Ce récit, où a’afrronlenl les joies païennes et le ciel de


Ce récit, où a’affrontent les joies païennes et le ciel de
Marie, est l’étrange testament de la jeunesse d’un homme
Marie, est l’étrange testament de la jeunesse d’un homme
qui ne peut exprimer que son goût pour la souffrance et
qui ne peut exprimer que son goût pour la souffrance et
le néant. « Jusqu’à l’épanouissement final de la fleur qui
le néant. « Jusqu’à l’épanouissement final de la fleur qui
exhale la mort », dit-il expressément, « jusqu’à l’anéantis­
exhale la mort », dit-il expressément, « jusqu’à l’anéantissement
sement de soi-même... » — « Lorsqu’il revient de Rome,
de soi-même… » — « Lorsqu’il revient de Rome,
Tannhaeuser n’éprouve que de ta rage cotdre un m°nde qm
Tannhaeuser n’éprouve que de la rage contre un monde qui
lui a interdit, à cause de la haute sincérité de ses sentiments,
lui a interdit, à cause de la haute sincérité de ses sentiments,
le droit à la vie, et ce o’csI pas au désir de jouissance et de
le droit à la vie, et ce n’est pas au désir de jouissance et de
plaisir qu’il veut retourner au Vénusberg, c’est sa haine
plaisir qu’il veut retourner au Vénusberg, ''c’est sa haine''
contre ce monde, auquel ’il doit prouver son dédain et son
''contre ce monde'', auquel il doit prouver son dédain et son
désespoir qui l’y poussent... C’est ainsi qu’il aime Élisabeth ;
désespoir qui l’y poussent… C’est ainsi qu’il aime Élisabeth ;
c’est cet amour qu’elle lui rend. Elle a pu ce que n’a pas pu
c’est cet amour qu’elle lui rend. Elle a pu ce que n’a pas pu
le monde moral tout entier... Et Tannhaeuser mourant la
le monde moral tout entier… Et Tannhaeuser mourant la
remercie de ce sublime témoignage d’amour. Mais il n’y a
remercie de ce sublime témoignage d’amour. Mais il n’y a
personne qui ne puisse envier son destin ; et t’univers entier,
personne qui ne puisse envier son destin ; et l’univers entier,
Dieu lui-même, doit le proclamer bienheureux. »
Dieu lui-même, doit le proclamer bienheureux. »

Comme tous les grands vivants en quête de jouissances
Comme tous les grands vivants en quête de jouissances
extrêmes, Wagner est hanté par la mort. « La fleur qui exhale
extrêmes, Wagner est hanté par la mort. « La fleur qui exhale
la mort », il la respire avec une ferveur mystique. C’est en
la mort », il la respire avec une ferveur mystique. C’est en
eUe désormaii’qu’il va trouver toutes ses ressources pour
elle désormais qu’il va trouver toutes ses ressources pour
vivre, sa musique même, ses éclats prophétiques ou tendres.
vivre, sa musique même, ses éclats prophétiques ou tendres.
Son Tannhaeuser est la première Image véritable de luimême qu’il ait réussi à donner, le symbole de sa lutte intime
Son Tannhaeuser est la première image véritable de lui-même
qu’il ait réussi à donner, le symbole de sa lutte intime
entre sa rage de plalalra et son horreur des voluptés amoin­
entre sa rage de plaisirs et son horreur des voluptés amoindrissantes.
drissantes. Seule la souffrance est réelle, pcnac-t-I1, comme
Seule la souffrance est réelle, pense-t-il, comme
Schopenhauer, qu’il choisira bientôt pour guide. Et en cette
Schopenhauer, qu’il choisira bientôt pour guide. Et en cette
même année où il compose son Tannhaeuser, et dans cette
même année où il compose son Tannhaeuser, et dans cette
même Saxe, son futur disciple vient de oallre. ce Frédéric
même Saxe, son futur disciple vient de naître, ce Frédéric