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Jésuites et imprimeurs de Trévoux
(2p. 797).

CONFRÉRIE & non pas CONFRAIRIES. s. f. Société de personnes qui s’assemblent pour quelques exercices de dévotion, ou pour quelque pratique de piété : comme la Confrérie du Scapulaire, du Cordon de S. François, &c. Sacra Sodalitas, sacrum Sodalitium. Dans tous les Corps d’Artisans il y a des Maîtres de Confrérie, qui s’élisent comme les Jurés. Nulle Confrérie ne peut s’établir sans le consentement de l’Evêque du Diocèse. Il faut de plus de lettres dûement vérifiées.

Confréries, (Les) appelées en latin Sodalitates, tirent leur origine des Payens, comme Polydore Virgile l’a remarqué dans son livre de inventione rerum. Le bon usage que les Chrétiens en font, a purifié tout ce qu’il y avoit d’impur dans une si mauvaise source. On prétend que Numa Pompilius avoit établi dans l’ancienne Rome des Confréries pour tous les Arts & Métiers. Il ordonna des Sacrifices, que chaque profession devoit faire aux Patrons & aux Dieux tutélaires qu’il leur avoit donnés.

Il y a dans Rome une Confrérie qui est appelée l’Archiconfrérie ou la grande Confrérie, sous le titre de Notre-Dame des Suffrages. Elle a été approuvée & confirmée par une Bulle du Pape Clément VIII en 1594. Elle a été établie en faveur des âmes du Purgatoire. Le Souverain Pontife lui a accordé des privilèges excessifs, & qui ne seroient pas reçus facilement en France, quoiqu’elle y ait été reçue, au moins dans quelques villes, & principalement dans le Dauphiné.

Il y a neuf différentes sortes de Confréries en France. 1o. Des Confréries de dévotion. Telle est celle qui fut établie à Paris sous le règne de Louis le Jeune, l’an 1168, composée d’abord de 36 Prêtres, & de pareil nombre de Laïques notables Bourgeois, en mémoire des soixante & douze disciples de J. C. Les femmes n’y furent admises qu’en 1224 que la Reine & plusieurs Dames de piété & du premier rang désirèrent y être reçues. Elle porte encore le nom de Confrérie de Notre-Dame. 2o. Il y en a d’établies pour exercer la charité & les œuvres de miséricorde. 3o. Des Confréries de Pénitens sous différens titres. 4o. Les Confréries érigées à l’occasion des Pèlerinages, comme sont à Paris celles du S. Sépulchre aux Cordeliers ; de S. Jacques, en son Eglise rue S. Denys ; de S. Michel. 5o. Les Confréries établies par les Négocians, pour attirer les bénédictions de Dieu sur leur commerce. Telle fut la Confrérie des Marchands de l’eau, établie à Paris en 1170. 6o Les Confréries des Officiers de Justice, comme celle des Notaires établie à Paris en la chapelle du Châtelet en 1300 ; celle de la Compagnie du Lieutenant-Criminel de Robe-Courte, en l’Eglise de S. Denis de la Chartre, celle de la Compagnie du Guet, en l’Eglise de S. Michel, celle des Huissiers à cheval, & des Sergens à verge, en l’Eglise de Sainte Croix de la Bretonnerie. En quelques villes de Province celle de S. Yves, de laquelle sont tous les Officiers des Présidiaux, Conseillers, Avocats & Procureurs. 7o. La Confrérie de la Passion, dont nous parlerons ailleurs. 8o. Toutes celles des Artisans & des différens Métiers. 9o. Il y a eu des Confréries de factions, qui se couvroient du voile spécieux de la Religion pour troubler l’Ecat. Telles furent celles dont il est fait mention dans le Concile de Montpellier tenu l’an 1214, & dans les Conciles de Toulouse, d’Orléans, de Cognac, de Bourdeaux & de Valence, tenus en 1214, 1234, 1258, 1248 & 1255, & en celui d’Avignon, de 1326. De la Mare, Tr. de Pol. L. II, T. XII, c. 1 & 2.

Une des plus célèbres Confréries est celle qu’on nomme des Pénitens, qui est à Lyon, & dans plusieurs villes de la Provence & du Languedoc. Il n’y a que les hommes qui puissent entrer dans cette Confrérie. Les uns portent un sac blanc, & les autres un sac de toile bleue. La plus célèbre Confrérie qui soit dans Paris est celle de la paroisse de la Madelène, qu’on nomme la grande Confrérie.