« Les Avadânas, contes et apologues indiens/15 » : différence entre les versions

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Version du 24 octobre 2020 à 13:59

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 74-76).


XV

LE BOUDDHA ET LE DOMPTEUR D’ÉLÉPHANTS.

(De ceux qui travaillent à leur perfection intérieure.)


Le Bouddha demanda un jour à un chef de marchands combien il y avait de moyens pour dompter les éléphants.

« On en emploie ordinairement trois, répondit-il, pour dompter les grands éléphants. D’abord, on applique à leur bouche un crochet de fer que l’on attache au poitrail ensuite on diminue constamment leur nourriture pour les affamer et les faire maigrir ; enfin, on les frappe durement avec un bâton. Ils deviennent alors doux et dociles.

— Que se propose-t-on par ces trois moyens ? demanda encore le Bouddha.

— Le crochet de fer, répondit-il, sert à vaincre la résistance de leur bouche ; la privation de nourriture et de boisson dompte la violence de leur corps ; les coups de bâton soumettent leur esprit. Après cela, ils se trouvent parfaitement domptés.

— Après avoir ainsi dompté un éléphant, demanda le Bouddha, à quoi l’emploie-t-on ?

— Quand un éléphant est une fois dompté, répondit-il, il est propre à traîner le char du roi ; on peut aussi le faire combattre ; il avance et recule à volonté, sans que rien ne l’arrête.

— N’y a-t-il que ces trois moyens ? Y en a-t-il encore d’autres ?

— Voilà, répliqua le chef des marchands, à quoi se réduit l’art de dresser les éléphants. »

Le Bouddha dit encore au chef des marchands : « Vous ne savez que dompter les éléphants ; savez-vous vous dompter vous-même ?

— Je ne sais pas bien ce que c’est que se dompter soi-même, répondit-il. Qu’entendez-vous par là ?

— Moi aussi, dit le Bouddha, j’ai trois moyens sûrs pour dompter les hommes et me dompter moi-même au point d’arriver