« Les Avadânas, contes et apologues indiens/13 » : différence entre les versions

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Dernière version du 24 octobre 2020 à 13:58

Traduction par Stanislas Julien.
Paris B. Duprat (1p. 68-70).


XIII

LE LABOUREUR ET LE PERROQUET.

(De la piété filiale.)


Au milieu des montagnes neigeuses, vivait un perroquet dont le père et la mère étaient aveugles. Il recueillait constamment de belles fleurs et d’excellents fruits pour les leur offrir. À la même époque, un laboureur, qui venait de faire ses semailles, prononça ce vœu bienveillant : « Ces grains que j’ai semés, je veux les offrir à la multitude des créatures pour les nourrir » Dans ce moment, notre perroquet voyant que ce maître du champ avait eu, par avance, l’intention de faire l’aumône, alla dans les guérets quand les grains furent en maturité, et en recueillit pour les offrir à son père et à sa mère. Le maître du champ était alors occupé à faire sa moisson. Ayant vu une multitude d’oiseaux qui emportaient des épis, il entra en colère, tendit un filet et prit le perroquet. Celui-ci dit au maître du champ : « Précédemment, vous aviez l’intention de faire l’aumône de vos grains et ne connaissiez point l’avarice. Voilà pourquoi j’ai osé venir ramasser des grains de riz. Pourquoi aujourd’hui m’avez-vous pris dans un filet ? Or, un champ est comme une mère et les grains comme un père ; les paroles vraies ressemblent aux fils, le maître du champ est comme un roi de qui dépend la protection et le salut de ses sujets. »

En entendant ces paroles, le maître du champ éprouva un sentiment de joie. Il interrogea le perroquet et lui dit : « Pour qui prenez-vous ces grains ?

— J’ai un père et une mère aveugles, répondit le perroquet, et je recueille ces grains pour les nourrir. »

Le laboureur fut touché de sa piété filiale et le mit en liberté.

(Extrait de l’ouvrage intitulé Tsa-p’ao-thsang-king, livre I.)